Badfinger BADFINGER : groupe de pop-rock britannique, 1969-1975.

- Pete Ham : chanteur, guitariste et pianiste. Né le 27.04.1947 à Swansea (Pays de Galles). Mort le 23.04.1975 à Londres (Angleterre).
- Tom Evans : chanteur et bassiste. Né le 05.06.1947 à Liverpool (Angleterre). Mort le 23.11.1983.
- Joey Molland : guitariste, claviériste et chanteur. Né le 21.01.1948 à Liverpool.
- Mike Gibbins : batteur. Né le 12.03.1949 à Swansea.

Originaire de Liverpool, ce groupe dé couvert en 1968 par Paul McCartney est recruté chez Apple, musicalement très proche des Beatles des dernières années, reste connu pour avoir crée « Without You », repris par Nilsson en 1972. Tragiquement, ses deux chanteurs et compositeurs, Pete Ham et Tom Evans, ont mis fin à leurs jours à huit ans d'intervalle.

A Swansea, une ville côtière du sud du pays de Galles, le guitariste et chanteur Pete Ham, un apprenti électricien, anime depuis le milieu des années 60 les Iveys, dont le style folk pop à harmonies vocales s'inspire de celui des Hollies. Le groupe, semi-professionnel, passe même à la fameuse Cavern de Liverpool. Il comprend alors le batteur Gibbins, le guitariste Dai Jenkins et le bassiste Ron Griffiths. En 1967, il accompagne David Garrick, un éphémère chanteur de variétés. Une de ses maquettes tombe entre les mains de Mal Evans, l'ancien garde du corps et assistant des Beatles, qui la transmet à Paul McCartney. Celui-ci offre aussitôt aux Iveys un contrat d'enregistrement avec la compagnie créée par les Beatles, Apple. Originaire de Liverpool, Tom Evans remplace Jenkins et offre au groupe sa première composition, le très romantique « Maybe Tomorrow » (1968), réalisé par Tony Visconti, qui dira : « J'étais parfois obligé de regarder par-dessus le pupitre de contrôle pour bien m'assurer que c'étaient pas John Lennon et Paul McCartney qui chantaient. » Le titre obtient un petit succès aux Etats-Unis. Un album, prévu, ne sortira jamais. A la fin de l'année, suite au départ de Griffiths, un autre musicien de Liverpool, le guitariste Joey Molland, arrive, Evans passant à la basse. Insatisfaits de leur nom, les Iveys se rebaptisent Badfinger, d'après le tire d'un vieux blues, courant 1969.

Pour lancer la carrière de ce groupe qui tarde à démarrer, Paul McCartney lui offre une composition inédite, « Come And Get It », crée pour la musique de The Magic Christian , une comédie loufoque réalisée par Peter Sellers, Ringo Starr et Joseph McGrath, avec la participation de John Cleese et Graham Chapman, des Monty Python. Le morceau est un tube, même aux Etats-Unis. Magic Christian Music (1970) récupère quelques chutes du premier album avorté. Proche du style de McCartney et de sa voix jusqu'au mimétisme, Pete Ham compose et chante le tube suivant, « No Matter What ». Enregistré à Abbey Road par l'assistant de George Martin, Geoff Emerick, l'album No Dice (1970) est le premier du groupe à part entière, le magasine Rolling Stone écrit : « Voici comment sonneraient les Beatles s'ils se réunissaient. » Derrière un arrangement lourd et un tempo mal adapté, Nilsson y entendra une ballade magnifique et sincère, « Without You » qu'il interprétera en 1972. Devenue une des mélodies les plus diffusées dans le monde, cette chanson sera reprise par Shirley Bassey et Roberta Flack, à nouveau un tube pour Mariah Carey en 1994. En 1971, Badfinger participe à l'enregistrement d'Imagine de Lennon, accompagnant aussi George Harrison pour quelques titre du concert pour le Bangladesh et jouant le « I Don't Come Easy » de Ringo Starr avec le même Harrison. C'est celui-ci qui produit d'ailleurs quelques titres, de loin les meilleurs, de l'album Straight Up (1972), dont le très beau « Day After Day », qui sera le plus gros succès de Badfinger aux Etats-Unis et « The Name Of The Game », deux compositions exceptionnelles de Pete Ham. Le reste du disque est produit par Todd Rundgren, dont le simple « Baby Blue » très réussi.

En porte à faux avec les modes de son époque, hard rock et musique progressive, Badfinger sera, dès 1973, délaissé par le public. Et malgré la qualité constante des compostions de Ham et Evans, dont le simple « Apple Of My Eye », Ass (1973), coréalisé par Chris Thomas, ne trouvera pas preneur. Ce sera le dernier disque pour Apple, et le début d'une descente aux enfers. Sur le plan commercial, le groupe ne rencontre aucun succès. Pourtant, artistiquement, il arrive à pleine maturité. Badfinger (1974), son premier album pour Warner, est un chef d'œuvre, comparable aux disques de Big Star, entre country-rock mélodieux et pop raffinée aux changements d'accords et de clé subtils : « I Miss You » de Pete Ham est sans doute la plus belle mélodie que McCartney aurait pu écrire « She's Leaving Home », et la façon dont Ham l'arrange et l'interprète montre les progrès accomplis depuis ses débuts, et combien il a retenu la leçon de Nilsson. « Lonely You » et « Song For A Lost Friend » figurent aussi parmi les plus belles chansons. Produit par Chris Thomas, le groupe a enfin acquis un son, à la fois énergique et raffiné. Lié par un contrat très contraignant, il rentre en studio aussitôt l'album terminé. Ham et Evans n'ont pas assez de chansons : Molland et même le batteur Gibbins doivent s'y mettre. Wish You Were Here (1974), au son plus rock et tranchant, ne convainc que par son énergie. Même si les compostions sont parfois inférieures aux précédentes, l'album révèle surtout à quel point Badfinger est taillé pour un succès massif. Pourtant, une catastrophe survient : une très grosse avance versée par Warner au manager du groupe a été détournée. La compagnie poursuit celui-ci en justice et retire l'album de la vente. Déprimé par cette situation, Molland retourne en Angleterre. Envers et contre tout, Badfinger garde la foi, commençant à enregistrer un nouvel album avec l'organiste Bob Jackson et les producteur Kenny Kerner et Richie Wise. L'un des titres, qui émergera plus tard, composé par Pete Ham s'appelle « Keep Believing ». L'épilogue est atroce. Désespéré par la situation, reclus dans sa maison londonienne, sachant, de plus, qu'il va bientôt être père et sans ressources, Pete Ham se pend dans son garage en avril 1975.

Le denier chapitre de la vie de Badfinger n'est pas moins sinistre. Evans et Gibbins rentrent en Angleterre, tandis que Molland forme l'éphémère Natural Gas, qui joue en première partie de Peter Frampton en 1976-1977. En 1978, il convainc Evans, devenu poseur de moquette à Los Angeles, de remettre le groupe sur pied. Muni d'un contrat avec Elektra, le duo sortira le peu convaincant Airwaves (1979) puis, accompagné de musiciens de circonstances, un dernier album, Say No More (1981) sous un label obscur, Radio. Fin 1983, le groupe se sépare à nouveau. Tom Evans, miné par les difficultés financières, imite le geste de son ancien compagnon Ham, et se pend à son tour dans sa maison du Surrey. Plus tard, toujours actif, Molland reformera un nouveau Badfinger, enregistrant, après son album solo After The Pearl (1985), Timeless (1989) sous le nom de Badfinger pour son label Independent. Rykodisc publiera un second album solo en 1992, The Pilgrim. Entre-temps, Rhino publie en 1990 l'indispensable compilation The Best Of Badfinger Volume II, reprenant les années Warner 1974-1975, les meilleures. Apple n'a pas réédité en CD le premier volume du Best Of, avec tous les premier tubes, qu'en 1995. Fin 1997, Rykodisc a publié un très beau disque de maquettes de talents de mélodiste. A la fois trop classique et trop en avance sur son temps, Badfinger a été un groupe powerpop avant la lettre, dont les prolongements se retrouvent de façon évidente dans le style d'Oasis.