Bobby Bland BLAND, Bobby « Blue » : chanteur de rhythm'n' blues américain, 1955. Né le 27.01.1930 à Rosemark (Tennessee).

Surnommé le « Sinatra du rhythm'n' blues », ce chanteur de Memphis est l'un des plus fameux crooner noirs américains d'après-guerre. Au carrefour du blues et de la soul, comme Ray Charles et Sam Cooke, Bobby Bland a connu au début des années 60 une immense popularité auprès du public noir.

Robert Calvin Bland grandit à Rosemark, une petite ville située dans la périphérie de Memphis. A l'âge de 17 ans, il s'installe à Memphis avec sa mère et chante le gospel à l'église. En 1949, il offre ses services de domestique et de chauffeur u bluesman B.B. King, puis à une autre figure légendaire du blues de Memphis, le chanteur et pianiste Rosco Gordon. Il est enrôlé dans une formation de blues, les Beale Streeters, où ses deux patrons font leurs débuts, en compagnie d'autres futurs chanteurs vedettes, comme Johnny Ace et le remarquable chanteur et harmoniciste Junior Parker. Sa carrière démarre véritablement en 1955, après son retour de l'armée, lorsque Don Robey, le patron du label texan Duke, l'entend chanter à Houston et le prend aussitôt sous contrat. Bobby « Blue » Bland se fait remarquer avec « Little Boy Blue » (1955) et obtient son premier succès à la fin de 1957, avec « Father Up The Road », un blues au rythme haletant arrangé par Joe Scott. Il se produit avec Junior Parker et son orchestre les Blues Flames jusqu'en 1961, année où il décide de voler de ses propres ailes. Sous la direction de l'arrangeur maison Joe Scott, qui choisit et orchestre les chansons de Bland, le style âpre du chanteur de blues s'infléchit vers plus de douceur et de moelleux. Ses chansons les plus réussies restent des ballades plaintives, comme « Cry Cry Cry » en 1960, « I Pity The Fool », n°1 au hit-parade rhythm'n' blues en 1961, « Call On Me » un de ses plus grands succès en 1963 ou « The Feeling Is Gone », en 1964. Elles sont marquées par des arrangements de cuivres omniprésents, entre le style big band des années 50 et celui, plus intimiste, de la soul des années 60, ainsi que les interventions incisives du guitariste Wayne Bennett, un des grands spécialistes du genre. Les compilations Blues In The Night, Woke Up Screaming et Foolin' With The Blues présentent un bon panorama de ces années-là.

Le succès est constant jusqu'en 1968, où, selon la rumeur, lassés des penchants du chanteur pour la bouteille, Scott et Bennett abandonnent Bobby Bland. Sa carrière s'en ressent fortement, et jamais il ne retrouvera sa popularité initiale. En 1972, il signe ave le label ABC, qui a racheté Duke. Son nouveau producteur oriente sa musique vers un blues-rock léché et commercial. Le succès est mitigé. Bland s'associe en 1974 avec son ancien partenaire B.B. King pour un album live, Together For The First Time, qui rassure ses admirateurs. L'expérience est rééditée en 1976 avec Together Again…Live. Dans la seconde moitié des années 70, Bland, mal conseillé, fait des efforts inutiles pour s'imposer dans des styles grand public comme la country ou la disco. En 1985, il signe un contrat avec un label modeste, Malaco, établi à Jackson, dans l'état du Massachusetts, qui le fait renouer avec le rhythm'n' blues de ses débuts. Ses albums, Members Only (1985), After All (1986) Blues You Can Use (1988) sont bien accueillis par la critique. Bobby « Blue » Bland continue à donner des concerts régulièrement souvent en compagnie de son ancien patron B.B. King. Il a été intronisé dans le Rock'n' Roll Hall of Fame en 1992.

Grâce à ses ballades langoureuses, ponctuées de cris et de soupirs, Bobby Bland, aidé par son physique massif et sa présence animale a ravi le public féminin. Contrairement à d'autres chanteurs noirs comme Otis Redding ou James Brown, il n'a jamais mené une carrière constante et n'a jamais acquis une stature internationale.