The Byrds BYRDS, The : groupe de folk rock et country rock américain, 1965-1973.

- Roger McGuinn : chanteur, guitariste et banjoïste. Né le 13.07.1942 à Chicago (Illinois).
- Gene Clark : chanteur, guitariste et harmoniciste. Né le 17.11.1941 à Tipton (Missouri). Mort le 24.05.1991 à Sherman Oals (Californie).
- David Crosby : chanteur et guitariste. Né le 14.08.1941 à Los Angeles (Californie).
- Chris Hillman : bassiste, mandoliniste et chanteur. Né le 04.12.1942 à Los Angeles.
- Michael Clarke : batteur. Né le 03.06.1944 à New York City ( New York ). Mort le 19.12.1993 à Treasure Island (Floride).

Equivalent américain des Beatles à ses débuts, ce groupe californien a inventé un nouveau style de musique, le folk rock, combinant l'électricité du rock anglais au folk de Dylan. Il a ensuite annoncé le rock psychédélique, inspiré par le raga indien et fait naître la première fusion du rock avec la musique country.

Début 1964 à Los Angeles, un trio de guitares et chanteurs folk, le Jet Set, joue dans le circuit des coffee houses : Jim McGuinn, qui a déjà accompagné Bobby Darin et Judy Collins, Gene Clark et David Crosby. Enthousiasmés par les Beatles et leur film A Hard Day's Night, ils publient un premier 45 tours sous le nom des Beefeaters (« Please Let Me Love You ») avant de s'adjoindre une section rythmique, avec Chris Hillman, un musicien de bluegrass, et Michael Clarke. Sous leur nouveau nom de Byrds, ils signent chez Columbia en novembre. Au printemps 965, leur version de « Mr. Tambourine Man », une chanson de Bob Dylan qui circule alors sous forme de maquette, est n°1 des côtés de l'Atlantique. Enregistrée par les trois chanteurs accompagnés par la crème des musiciens de Los Angeles, le pianiste Leon Russell, le batteur Hal Blaine et le claviériste Larry Knechtel, la chanson signe l'acte de naissance de ce qu'on appelle aussitôt le folk rock, mêlant le folk de Dylan aux guitares électriques et harmonies vocales des Beatles. Ce qui inspirera tout un mouvement, dont Simon & Garfunkel, Sonny & Cher, les Turtles, The Mamas & The Papas, Buffalo Springfield, Jefferson Airplane et Moby Grape seront les représentants les plus fameux.

Présentés comme la « réponse américaine au Beatles », les Byrds sont photogéniques : McGuinn porte la frange avec de petites lunettes rectangulaires aux verres teintés, David Crosby revêt une veste de daim verte, Michael Clarke a une coupe de cheveux à la Brian Jones, et Gene Clark est habillé en dandy. Leur premier album, intitulé Mr Tambourine Man (1965), est très consistant, grâce à cinq excellentes compositions de Gene Clark, parmi lesquelles « I Knew I'd Want You », « Here Without You », au spleen qui rappelle John Lennon, et « Feel A Whole Lot Better », chef d'œuvre de cynisme sentimental, sans doute le meilleur morceau des Beatles à avoir été écrit et enregistré par quelqu'un d'autre. Ils connaissent leur premier revers au cours d'une tournée anglaise qui les prend au dépourvu et met en relief leurs limites scéniques. Pendant ce temps, Cher torpille leur second 45 tours e reprenant leur arrangement d' « All I Really Want To Do » de Dylan et en le publiant la première. Encensés par leur modèle (Harrison, Lennon et McCartney assistent à l'enregistrement du merveilleux « She Don't Care About Time » et Dylan les rejoint sur scène au Ciro's, le club d'où le folk rock va se propager, les Byrds deviennent les nouveaux rois de Hollywood, attirant la nouvelle génération du cinéma : Peter Fonda, Dennis Hopper et Jack Nicholson ne les lâchent plus d'une semelle. Leur deuxième album, Turn ! Turn ! Turn ! (1965), s'éloigne quelque peu du merseybeat pour sonner plus californien, sans rien perdre de ce spleen magnifique. Le biblique « Turn ! Turn ! Turn ! », adapté de l'Ecclésiaste par Pete Seeger, leur offre un second n°1 mondial. Gene Clark continue d'exceller, comme en témoignent « Set You Free This Time » et « The World Turns All Around Her ». McGuinn, qui chante d'autres reprises de Dylan, adapte une mélodie traditionnelle, “He Was A Friend Of Mine”, en hommage à John Kennedy.

Début 1966, les Byrds vont apporter une nouvelle révolution dans le rock. A Londres à la fin d'un dîner avec Brian Jones, Gene Clark écrit « Eight Miles High », une chanson sur le décalage culturel entre la Californie et la vieille Albion. Crosby y ajoutera un couplet et McGuinn transformera cette ballade aérienne en un tour de force, y adjoignant un solo de guitare psychédélique inspiré par John Coltrane. On peut considérer ce titre comme l'acte de naissance du rock psychédélique. Les radios américaines le censureront, certaines que le chanson fait l'apologie de la drogue. Les Byrds ont été, il est vrai, pionniers en la matière. Crosby, notamment, ne se gênant pas pour fumer des joints sur scène. Quelques semaines plus tard, Gene Clark, jalousé au sein du groupe pour ses chansons, ses droits d'auteur et ses conquêtes féminines, chahuté par Crosby pour son sens du rythme approximatif, quitte les Byrds. Officiellement, parce qu'il a peur de prendre l'avion (ce à quoi McGuinn, selon la légende, aurait rétorqué : « Mec, quand on est un oiseau, on vole »). Quoi qu'il en soit, l'échec relatif d' « Eight Miles High », destiné à connaître un succès immense, interrompt définitivement l'ascension du groupe.

Fifth Dimension (1966), enregistré en quatuor, ne redresse pas la barre. Crosby y fait ses débuts de compositeur (« I See You », « What's Happening ? ») et pour la première fois, deux 45 tours, « 5 D » et « Mr. Spaceman » sont singés de McGuinn (celui-ci influencé par l'enseignement d'un gourou, a décidé de changer son prénom en Roger pour « renaître »). L'album, entre deux styles, mêle pop psychédélique et airs traditionnels richement arrangés. Le succès commence à fuir le groupe, défavorisé par une mauvaise réputation scénique. En 1967, pourtant, s'amorce une renaissance. Le départ de Clark a été digéré. Ainsi, Younger Than Yesterday (1967) est le meilleur disque des Byrds, grâce à ses deux tubes, « So You Wanna Be » A Rock ‘n' Roll Star », avec Hugh Masekela à la trompette, et une nouvelle reprise de Dylan, « My Back Pages ». Crosby signe ses plus beaux morceaux, dont « Everybody's Been Burned » doté d'un somptueux solo de McGuinn et une partie de basse magique. Chris Hillman y révèle aussi ses talents de compositeur, avec « Time Between » et « The Girl Who Has No Name ». Déjà nourri de Coltrane et de Miles Davis, McGuinn, initié à la musique de Ravi Shankar par David Crosby, use volontiers de lignes mélodiques indianisantes dans « Why ? » et « Thoughts And Words », faisant de cet album le chef d'œuvre de ce qu'on appellera fugacement le raga-rock.

Fin 1967, McGuinn et Hillman font sans doute la plus grosse erreur de leur carrière : ils limogent David Crosby. Une montagne de griefs s'est accumulée contre le guitariste, soupçonné de vouloir rejoindre Buffalo Srpingfield qu'il a dépanné au festival de Monterey, où les Byrds se sont produits, et de traîner trop souvent à San Francisco avec Jefferson Airplane, ou encore d'avoir gâché la fluidité de l'album (les radios FM diffusent alors des faces entières) avec son atonal « Mind Gardens ». Tête brûlée, Crosby exaspère surtout les autres en se posant comme porte-parole de la jeunesse hippie californienne. Gene Clark alors est rappelé, mais son mal de l'air l'emporte à nouveau, et il ne reste que le temps d'une tournée, en septembre. Entre-temps, « Lady Friend », un dernier et très beau 45 tours composé par Crosby, connaît un succès mitigé. Michael Clarke, ne résiste pas à l'enregistrement de The Notorious Byrds Brothers (1968) que McGuinn et Hillman terminent à deux. Ils parviendront à un résultat remarquable, utilisant toutes les techniques de studio disponibles, pour créer un disque au climat unique, onirique, trouble et hésitant comme l'époque, qui deviendra l'objet d'un culte en Grande-Bretagne au même titre que le Forever Changes de Love. Entre-temps, leur manager, bientôt évincé pour indélicatesse, omet de leurs transmettre l'invitation de Bob Dylan qui leur demandait de l'accompagner sur John Wesley Harding, ce qui leur vaudra la fureur de ce dernier, qui leur préférera désormais The Band sur scène.

De plus en plus sur le déclin, les Byrds sont pourtant à l'origine d'une des plus grandes révolutions de la musique américaine : le country-rock. D'abord recruté comme pianiste, Gram Parsons, un natif de Floride fou de country traditionnelle à la Hank Williams , convainc McGuinn et Hillman d'enregistrer à Nashville. Réalisé avec le cousin de Hillman, l'ancien Marine Kevin Kelley, à la batterie, Sweetheart Of The Rodeo (1968) restera la pierre angulaire du country rock. Ce disque où, pour la première fois, le rock californien drogué et contestataire s'allie à la musique country puritaine et réactionnaire, inspirera à Bob Dylan son virage de Nashville Skyline et crée un genre dont les Eagles deviendront les plus fameux représentants dans les années 70.Des problèmes contractuels interdisent hélas à Parsons de chanter pus de deux titres sur cet album. A la dernière minute, McGuinn doit substituer sa voix, moins adaptée à ‘exercice, dans la plupart des titres, à l'exception de « Hickory Wind ». L'échec est patent : le public country reste de marbre et celui du rock psychédélique préfère The Band et les groupes de San Francisco. Avant la fin de l'année, Parsons quitte les Byrds, mal conseillés, à l'aube d'une tournée en Afrique du Sud. Hillman le rejoindra bientôt au sein des Flying Burrito Brothers.

En 1969, une nouvelle et ultime période s'ouvre pour les Byrds, dont le noyau est réduit à McGuinn. Ceux-ci sont désormais dominés par un guitariste virtuose admiré par Jimi Hendrix, Clarence White. Déjà présent sur Younger Than Yesterday, il amène le bassiste John York, vite remplacé par Skip Battin, et le multi-instrumentiste Gene Parsons, sans lien avec Gram, à la batterie. Tous les musiciens chantent et composent : ce sera, sur scène, la meilleure formation des Byrds, hélas mal reflétée sur disque. Bâtard, Dr. Byrds & Mr Hyde (1969) ne se distingue que par « Drug Store Truck Driving Man », composé par McGuinn avec Gram Parsons, et marque le creux de la vague pour le groupe. The Ballad Of Easy Rider (1970) n'est guère meilleur. Le disque bénéficiera de la présence de quatre titres dans le célèbre film de leurs ais Dennis Hopper et Peter Fonda. On peut juger de la qualité de la nouvelle formation sur scène avec le premier disque du double (Untitled) (1970) qui s'ouvre sur un exceptionnel « Lover Of The Bayou » et se conclut par un « Eight Miles High » de 18 minutes. Le deuxième disque marque le retour en verve de McGuinn avec le splendide « Chestnut Mare » que Dylan saluera comme étant « la chanson que j'aurais aimé écrire » et « Just A Season » qui voit le bref retour de Gram Parsons. Malheureusement, le très décevant Byrdmaniax (1971) ne confirmera pas le redressement. Father Along (1972) tente une ouverture sur le jazz dont les prémices se retrouveront dans le premier album solo de McGuinn. Mais le disque n'est guère réussi et les Byrds se séparent début 1973.

Un post-scriptum est écrit quelques semaines plus tard. David Geffen propose à la formation originale des Byrds, McGuinn, Clark, Crosby, Hillman et Clarke d'enregistrer un nouveau disque pour Asylum. The Byrds (1973) ne tient pas ses promesses. David Crosby, devenu une superstar au sein des Crosby, Stills And Nash, se pose comme le patron, réalisant seul le disque et savourant chaque minutes de sa revanche sur McGuinn, relégué au rang de simple comparse. Le disque n'est sauvé que par l'excellence des deux titres de Clark, qui chante aussi les deux reprises de Neil Young choisies par Michael Clarke. La tournée prévue est d'ailleurs annulée et les cinq musiciens ne se retrouveront plus. En 1990, Crosby, Hillman et McGuinn donnent pourtant trois concerts à Los Angeles sous le nom des Byrds pour empêcher Michael Clarke de faire tourner les Byrds fantômes. Ils en profitent pour enregistrer quatre nouveaux morceaux à Nashville à l'occasion de la sortie de Legacy (1991), un coffret de Columbia de 90 chansons, dont des trésors comme les versions de Gram Parsons des morceaux de Sweetheart Of The Rodeo. L'unique véritable réunion des Byrds aura lieu en janvier 1991, le soir de leur intronisation au Rock'n' Roll Hall of Fame. Gene Clark mourra peu après bientôt suivi de Michael Clarke.

La première manière des Byrds a influencé tout un pan du rock américain, de Tom Petty à REM. Les accords résonants de la guitare électrique douze cordes Rickenbacker de Roger McGuinn, les harmonies planantes et la profusion de notes de basse sont entrées dans le patrimoine du rock, présents chez un innombrable quantité de groupes de rock indie anglo-saxon. Les Byrds se révèlent aujourd'hui un groupe au moins aussi influent que le Velvet Underground.