CARR, Wynona : chanteuse et pianiste de rhythm'n' blues américaine, 1952-1976. Née le 2308.1924 à Cleveland (Ohio). Morte le 12.05.1976 à Cleveland.

Timbre, phrasé, sentiment, contrôle, puissance et expressivité : cette chanteuse venue du gospel aurait pu connaître le destin d'Aretha Franklin si le sort lui avait été plus clément.

Elle apprend le piano à l'âge de huit ans, puis se perfectionne au Cleveland Music College où elle apprend le chant, l'harmonie et l'orchestration. Elle chante dès l'enfance dans des églises baptistes. En 1944, elle s'installe à Detroit (Michigan), où elle dirige une chorale, les Carr Singers, qui se produisent dans les Etats du Midwest. Elle est engagée au sein des Wilson Jubilee Singers, une division du Wings Over Jordan Choir. Remarquée par J.W. Alexander des Pilgrim Travelers, elle est engagée par Art Rupe, des disques Specialty, qui la fait enregistrer dès 1949 dans le style de la chanteuse de blues Sister Roetta Tharpe. Rien n'émergera pourtant, de ces enregistrements. Surnommée « Sister Wynona Carr », elle enregistre un duo avec Brother Joe May et obtient un bon succès avec « The Ball Game » en 1952, histoire d'un règlement de comptes entre Jésus-Christ et Satan. En 1954, elle dirige la chorale de la New Bethel Baptist Church de Detroit, une église dirigée par le révérend L.C. Franklin, père d'Aretha Franklin. Elle interprète aussi des gospels dans le circuit des night-clubs pour blancs avec Sister Roatta Tharpe et Sister Marie Knight. Influencée par le succès de Roy Hamilton, elle reçoit le feu vert parental pour interpréter des chants séculiers dès 1955. A cette époque, Little Richard, la star de Specialty, l'influence. Ses séances sont supervisées par Art Rupe, Bumps Blackwell puis Sonny Bono. Elle défend les ballades avec une étonnante intensité dramatique. L'une d'elles, « Should I Ever Love Again » (1957) est reprise par Gene Vincent. Elle écrit en partie son répertoire. « Please Mister Jailer », une grande réussite, sera repris par Rachel Sweet pour le film Cry Baby de John waters en 1990. Entre 1957 et 1959, Wynona Carr, tuberculeuse, est obligée de se retirer. Revenue dans le circuit, elle se produit aussi bien à l'Apollo de Harlem qu'au luxueux unes de Las Vegas. Elle enregistre l'album Wild, Wonderful Wynona (1961) pour Reprise, arrangé par Neil Hefti. Le succès, pourtant, n'arrive toujours pas. Dépressive, elle abandonne son art où elle s'était remarquablement illustrée. Elle meurt dans l'anonymat à l'âge de 48 ans.