Fleetwood Mac FLEETWOOD MAC : groupe de blues britannique, puis de pop-rock américano-britannique , 1967.

- Stevie (Stephanie) Nicks : chanteuse. Née le 26-05-1948 à Phoenix, Arizona.
- Lindsey Buckingham
: guitariste et chanteur. Né le 03-10-1947 à Palo Alto, Californie.
- Christine McVie
(née Perfect) : chanteuse et claviériste. Née le 12-07-1943 à Birmingham, Angleterre.
- John McVie
: bassiste. Né le 26-11-1945 à Londres, Angleterre.
- Mick Fleetwood
: batteur. Né le 24-06-1947 à Redruth, Angleterre.

Fer de lance du retour au blues de Chicago dans le Londres de 1968-1969, ce groupe s'est d'abord organisé autour de Peter Green, un des plus grands guitaristes de blues. Il s'est ensuite métamorphosé en une des formations de pop-rock californiennes les plus populaires au monde dans la seconde moitié des années 70.

Le guitariste Peter Green [Peter Greenbaum, né le 29-10-1946 à Londres, Angleterre] est découvert dès la fin 1965 par John Mayall. Il a grandi dans le quartier de Putney à Londres, écoutant les disques de Howlin' Wolf au jukebox de son pub, très marqué par le style de son accompagnateur Hubert Sumlin. Mais sa grande admiration va vers Hank Marvin des Shadows et Cliff Gallup, l'accompagnateur de Gene Vinccnt : il s'inspirera de leur sens de la sobriété. Au départ d'Eric Clapton en juillet 1966, John Mayall lui offre de remplacer ce dernier. Green reste un an avec Mayall, enregistrant avec lui un album, A Hard Road (1967), produit par Mike Vernon, dont l'instrumental « The Supernatural » est déjà un sommet ; il y chante aussi « The Same Way », où sa voix complète à merveille l'instrument. Admirateur de Clapton, Peter Green s'est offert la même guitare que lui, une Gibson Les Paul ; son style est cependant bien plus sobre, retenu et pénétré de tristesse. Lassé des manières dictatoriales de Mayall, Green le quitte en juillet 1967. Il a déjà joué avec le nouveau batteur de Mayall, Mick Fleetwood, début 1966, au sein des Peter B's Looners de l'organiste Peter Rardens (futur fondateur de Camel), un groupe instrumental inspiré par Booker T. & The MG's (enregistrant un 45 tours unique, « If You Wanna Be Happy », publié en mars 1966 chez Columbia). Les Looners étaient devenus Shotgun Express durant le bref passage du chanteur Rod Stewart (deux 45 tours sont publiés chez Columbia). Fleetwood et Bardens s'étaient par ailleurs associés de 1963 à 1965 au sein des Cheynes, un excellent groupe de rhythm'n'blues qui avait enregistré trois 45 tours pour Decca et Columbia et accompagné les Ronettes lors de leur tournée anglaise de 1964 avec les Rolling Stones. A la suggestion du producteur Mike Vernon, créateur de l'étiquette Blue Horizon, Green et Fleetwood embauchent Jeremy Spencer (né le 04-07-1948 à West Hartlepool, Angleterre), un guitariste slide de la région de Birmingham qui imite le style d'Elmore James. Le bassiste John Mc Vie est quant à lui associé à John Mayall depuis son arrivée à Londres début 1963, et certainement le premier musicien londonien que celui-ci ait initié au blues. Hésitant à se joindre au nouveau groupe (Mayall lui assure un salaire fixe), il temporisera jusqu'en septembre 1967, mois de lancement du Peter Green's Fleetwood Mac. Entre-temps, le groupe s'est produit au mois d'août au Windsor Jazz & Blues Festival avec un bassiste provisoire, Bob Brunning. Aprés un premier 45 tours, « I Believe My Time Ain't Long », une reprise, l'album Peter Green's Fleetwood Mac (Blue Horizon, février 1968) est l'acte de naissance du blues-boom londonien, né en réaction à ce qu'on appelle alors la commercialisation de la musique.

L'authenticité et la sincérité du jeu de Peter Green apportent à ce moment-là un souffle nouveau, qui va avec la recherche d'une musique plus honnête et exigeante. Le 45 tours « Black Magic Woman » (1968 ; repris en 1971 par Santana) révèle en Peter Green un talent de compositeur et d'interprète unique, à la fois détaché et déchiré. « Need Your Love So Bad » (1968), emprunté à Little Willie John via un disque de B. B. King en public, avec des cordes arrangées par Mickey Baker, donne à Fleetwood Mac son premier succès. Mr. Wonderful (1968), avec sa célèbre pochette montrant le torse maigre et longiligne de Fleetwood (dont le physique sera souvent utilisé pour l'image du groupe), introduit une section de cuivres. Un troisième guitariste, le jeune Danny Kirwan (né le 13-05-1950 à Londres), se joint à Fleetwood Mac, jouant pour l'instrumental languissant « Albatross » (n°1, 1968), qui restera un des titres les plus fameux et poignants de Peter Green. Sur scène, le blues pur laisse parfois place au rock'n'roll, dont Spencer est amateur. De son côté, Green part dans de longues improvisations, parfois à la basse, ce que lui autorise la présence de Kirwan. A l'occasion d'une tournée américaine, Fleetwood Mac accompagne aux studios de Chess de Chicago des bluesmen comme Willie Dixon et Otis Spann pour Blues Jam At Chess (1969), jouant aussi dans The Biggest Thing Since Colossus, du même Spann et 7936 South Rhodes d'Eddie Boyd. Pris en charge par l'agent Clifford Davis [Clifford Adams], Fleetwood Mac signe début 1969 avec Immediate, le label créé par Andrew « Loog » Oldham, le manager des Rolling Stones. L'association ne dure que le temps d'un 45 tours, « Man Of The World » (n°2, 1969), qui reflète l'humeur sombre de Green. Blue Horizon utilise son fond de catalogue pour les compilations English Rose (1969), Pious Bird Of Good Omen (1969), Black Magic Woman (1971), réunion des deux premiers albums, Greatest Hits (1972) et Vintage Years (1975). (Original Fleetwood Mac, publié en 1977, présentera de nombreux inédits, dont les premiers enregistrements de Spencer, et l'instrumental « Fleetwood Mac », datant de l'époque des Bluesbreakers.) Le groupe est engagé par Warner-Reprise pour Then Play On (1969).

Les compositions de Kirwan, délicates (« When You Say », « Coming Your Way ») répondent à celles de Green, dont une ode à l'onanisme, « Rattlesnake Shake ». Le mysticisme grandissant du guitar hero qui, juif, embrasse la foi chrétienne, est mis en évidence dans « Oh Well », un long 45 tours qui, malgré sa construction osée (sa deuxième partie est en guitare flamenco), atteint le n°2 en novembre 1969. Mis en veilleuse dans Then Play On , Jeremy Spencer publie début 1970 un album solo sans titre, où il est accompagné par le reste du groupe. Responsable d'un dernier 45 tours aussi splendide que les précédents, l'étrange et puissant « The Green Manalishi (With The Two-Pronged Crown) » (n°10, 1970), Green semble assailli par des visions qui finiront par entraîner un internement psychiatrique. Il quitte ses camarades après un concert à la Roundhouse en mai 1970. Il publie un premier album solo parfois confus, mais convaincant, The End Of The Game (1970) avec Zoot Money et Alex Dmochowski. Son parcours sera ensuite celui d'une longue errance. Réduit à un quatuor, Fleetwood Mac enregistre Kiln House (1970) sous la direction musicale de Spencer. La chanteuse et pianiste Christine McVie (née Perfect, ancien membre de Chicken Shack et épouse du bassiste John McVie) est venue renforcer le groupe dès l'été pour une tournée américaine. Au cours de celle-ci, Jeremy Spencer décide de suivre en février 1971 la secte des Enfants de Dieu, se faisant appeler Jonathan (il enregistrera des disques sous leur tutelle.). L'Américain Bob Welch (né le 31-07-1946 à Hollywood, Californie), plutôt formé au soul-rhythm'n' blues, se joint alors au groupe qui enregistre Future Games (1971), un disque d'orientation folk-rock. Le virage vers un nouveau Fleetwood Mac est alors amorcé.

La gestation du nouveau Fleetwood Mac sera longue et hésitante. Après Bare Trees (1972), partagé entre des compositions de Welch, Christine McVie et Danny Kirwan, ce dernier s'en va. Après avoir enregistré en solo les albums Second Chapter , Midnight In San Juan et Hello There Big Boy pour DJM de 1975 à 1979, sans réel succès, il deviendra alcoolique et sombrera. Pour le remplacer, sont recrutés le guitariste Bob Weston, ex-accompagnateur de Long John Baldry et Dave Walker, ancien chanteur de Savoy Brown. Cette formation enregistre Penguin (1973), un disque auquel Green participe anonymement. Durant les séances de Mystery To Me (l974, Walker est prié de s'en aller; le tour de Weston (trop intéressé par l'épouse de Fleetwood, Jenny Boyd, soeur de Patti Harrison) arrive dès la tournée suivante. Séparé de son imprésario Clifford Davis (qui essaiera de faire tourner un faux Fleetwood Mac), le groupe se fixe définitivement en Californie. Après Heroes Are Hard To Find (1974), Bob Welch préférera prendre un nouveau départ, fondant le trio Paris pour deux 33 tours avant de travailler en solo, conseillé par Fleetwood.

Grâce à la persévérance de Mick Fleetwood et à un coup de chance, Fleetwood Mac deviendra un tout nouveau groupe au succès phénoménal. Dans un studio de Van Nuys (Califomie), le batteur et producteur Keith Olsen lui fait écouter l'album d'un duo mari et femme, Buckingham-Nicks, qu'il vient de produire. Le couple a joué au sein de Fritz, un groupe psychédélique de la région de San Francisco avant de descendre à Los Angeles, enregistrant un premier album en 1973. Fleetwood offre à Buckingham et Nicks d'intégrer son groupe. La combinaison créera une réaction chimique : marqué par des harmonies vocales à la Beach Boys, le perfectionnisme en studio de Buckingham (grand admirateur de Brian Wilson) et la qualité des compositions de Christine McVie et de Stevie Nicks, Fleetwood Mac (1975) se vendra lentement, mais à plus de 3 millions d'exemplaires, atteignant le n°1 près d'un an après sa sortie, grâce à des tubes comme « Over My Head » (n°20, 1976), « Say You Love Me » (n°11, 1976) de Christine McVie et « Rhiannon (Will You Ever Win) » (n°11, 1976) de Stevie Nicks. Rumours (1977) connaîtra un succès phénoménal : ce disque sera celui d'une génération, les baby-boomers américains en proie au désastre de leur vie de couple. Durant l'enregistrement, qui s'étale sur sept mois, les deux couples du groupe sont en plein divorce, tout comme le batteur Fleetwood. Des titres comme l'irrésistible « Go Your Own Way » de Buckingham (n°10, 1977) et la ballade classique de Stevie Nicks, « Dreams » (n°1, 1977), comme « Don't Stop » (n°3, 1977) et « You Make Loving Fun » (n°9, 1977) de Christine McVie, sont chacun des tubes qui cristallisent le rock adulte californien. Aux Etats-Unis, le disque restera vingt-neuf semaines n°1, se vendant à plus de 25 millions d'exemplaires. Cet immense succès permettra à Fleetwood Mac de dépenser 1 million de dollars et de passer près d'un an à enregistrer Tusk (1979), un double album dominé par les arrangements aventureux et les mélodies exigeantes de Lindsey Buckingham, qui impose un talent rare et sous-estimé. Fleetwood Mac est alors au bord de la dissolution, et, après une tournée mondiale conclue par un Fleetwood Mac Live (1980), le groupe entrera dans un cycle d'activité intermittente.

Durant les années 80, tous les membres du groupe, sauf John McVie, se consacrent à des projets solo : Mick Fleetwood enregistre un disque de percussions au Ghana, The Visitor (1981), auquel participent un Peter Green sorti de son isolement et George Harrison, avec une reprise du « Not Fade Away » de Buddy Holly (ce projet le minera); Buckingham publiera deux albums solo, Law And Order (1981) et Go Insane (1984); Christine McVie enregistrera un album sans titre en 1984, auquel participeront Eric Clapton et Steve Winwood. Stevie Nicks fera la carrière la plus constante et la plus fructueuse, enregistrant Bella Donna (1981), dont sont tirés les tubes « Stop Draggin' My Heart Around » avec Tom Petty (n°3, 1981) et « Leather And Lace » (n°6, 1982), un duo avec Don Henley des Eagles, The Wild Heart (1983) et Rock A Little (1985), dont est extraite en simple une reprise du « Needles And Pins » de Jackie DeShannon, toujours avec Petty, et The Other Side Of The Mirror (1989). Fleetwood Mac, de son côté, revient avec Mirage (1982), un disque qui, malgré un succès encore grand, ne sera un événement ni commercial ni artistique. Le talent de Buckingham éclatera à nouveau avec Tango In The Night (1987). Après ce disque, le guitariste et compositeur, devenu phobique des tournées, quittera définitivement le groupe : il enregistrera le splendide Out Of The Cradle (1992), où une musicalité exquise (il est un guitariste remarquable, au style en arpèges de toute beauté) est alliée à une mélancolie tourmentée très proche du Brian Wilson de la grande époque.

Mick Fleetwood a l'idée de faire appel au guitariste et chanteur country Billy Burnette (né le 08-05-1953 à Memphis, Tennessee), fils de Dorsey et neveu de Johnny Burnette, (avec qui il a joué entre deux tournées de Fleetwood Mac au sein de son groupe Zoo, reprenant le « Tear It Up » de Johnny Burnette dans l'album It's Not Me en 1983), qu'il double d'un autre guitariste, Rick Vito (né le 13-10-1949 à Darby, Pennsylvanie). Après un faible Behind The Mask (1990), Fleetwood Mac voit le départ de Stevie Nicks en 1993, un mois après la réunion de la formation de Rumours pour l'investiture du président Clinton qui avait utilisé la chanson « Don't Stop » comme thème de sa campagne. Sans Burnette ni Vito, mais avec l'un des fondateurs de Traffic, Dave Mason, et Bekka Bramlett (née le 19-04-1968 à Westwood, Californie), fille de Delaney & Bannie, Fleetwood Mac a publié Time en 1995, sans le moindre succès. En automne 1997, la formation de Rumours , Buckingham compris, a accepté de repartir en tournée à travers les Etats-Unis. The Dance (1997), compilation de ses meilleurs succès enregistrés sur scène, a accompagné l'événement. Divers musiciens, dont Elton John, ont participé en 1998 à un album de reprises de toutes les chansons de Rumours.

De son côté, Peter Green, après avoir connu un regain d'activité avec l'album instrumental In The Skies (1979) et Little Dreamer (1980), s'est remis à jouer et enregistrer régulièrement au milieu des années 90, se produisant à la tête de son Splinter Group. Un double CD, Peter Green's Fleetwood Mac Live At The BBC (1995), publié chez Castle, est venu rappeler son apport.