MAMAS AND THE PAPAS (The) : groupe vocal de folk-pop américain, 1965-1968, 1971, 1981.
- John Philips : chanteur et guitariste. Né le 30.08.1935 à Parris Island (Caroline du Sud).
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Denny Doherty : chanteur. Né le 29.11.1941 à Halifax (Canada).
- Cass Elliot (Ellen Naomi Cohen) : chanteuse. Née le 19.09.1943 à Baltimore (Maryland). Morte le 29.07.1974 à Londres (Angleterre).
- Michelle Philips (Holly Michelle Gilliam) : chanteuse. Née le 06.04.1944 à Long Beach (Californie).
Originaire de New York mais fixée à Los Angeles, cette formation est restée éternellement associée à l'ère hippie et à la musique californienne de la fin des années 60, à sa douceur, son swing et ses harmonies vocales. Elle a laissé des classiques pop inspirés par le folk comme le gospel, tels « California Dreamin' » et « Monday Monday », « Mama » Cass Elliot chanta seule le merveilleux « Dream A Little Dream Of Me ».
Avant la création du quatuor, tous ses membres avaient participé à différentes formations lors du renouveau de la musique folk qui mettait alors en effervescence Greenwich Village. Ainsi, en 1961, John Philips jouait au sein es Journeymen, auteur de deux albums pour Capitol : leur principal titre de gloire est d'avoir donné une forme définitive à « 500 Miles », un air traditionnel des Appalaches dont Philips a affermi la structure et développé la mélodie. Dans le même groupe se trouvait aussi Scott McKenzie, qui avait choisi pour nom de scène le prénom de la première fille de John, McKenzie Philips. En 1962, John rencontra la jeune et ravissante Michelle Gilliam, venue exercer le métier de mannequin à New York, et il l'épousa quelques mois plus tard. En 1963-1964, Michelle, qui avait pris entre-temps des cours de chant, rejoignit les Journeymen. Vers la même époque, l'opulente Cass Elliot, dite aussi « Mama Cass », faisait partie des Big Three, responsables de deux albums pour le petit label FM. Denny Doherty, lui, venu de la pointe est du Canada, officiait dans les Halifax Three en compagnie de Zal Yanosky, futur membre de The Lovin Spoonful. Les Halifax Three et les Big Three fusionnèrent pour former les Mugwumps, qui enregistrèrent d'excellents chansons en 1964, mais seul un 45 tours sortira alors ; leur album ne vit le jour qu'en 1967, la maison de disques espérant manifestement récolter quelques miettes du succès de The Mamas & The Papas. Zal Yanosky ira bientôt fonder The Lovin' Spoonful en compagnie de John Sebastian, un membre occasionnel des Mugwumps, et Denny intégrera les Journeymen, alors réduits à John et Michelle. Après un unique concert en trio, ils partiront pour les îles Vierges, dans les Antilles, où Cass Elliot ne tardera pas à les rejoindre. Etonnée de constater comme leur quatre voix se marient bien, ils décident de constituer un nouveau groupe et répètent intensivement. Ils diront plus tard avoir choisi de s'appeler The Mamas & The Papas après avoir vu un documentaire expliquant que les Hell's Angels avaient pour usage d'appeler « mamas » leurs petites amies.
De retour aux Etats-Unis, ils y rencontrent Barry McGuire, une vieille connaissance, qui venait de décrocher un n°1 avec « Eve Of Destruction ». Il leur permit d'auditionner pour Lou Adler, le patron du label Dunhill, qui les engagea dans la demi-heure. Ils enregistrèrent en prévision de leur premier simple « Go Where You Wanna Go » et assurèrent les chœurs pour « This Precious Time » de McGuire, ainsi que plusieurs titres de l'album du même nom, parmi lesquels « California Dreamin' ». Ce morceau a une histoire : trois ans plus tôt, John et Michelle Philips étaient à New York au début de l'hiver, et cette dernière pensait avec nostalgie à sa Californie natale. Sur ce thème, autour des paroles « All the leaves are brown/And the sky is grey/I'd be safe and warm/If I was in L.A. », Philips écrivit la chanson et la chanta à Michelle, qui renâclait, essayant vainement de dormir ; elle n'en dira pas moins plus tard avoir vécu là les plus belles vingt minutes de toute son existence. Barry McGuire ne tenant pas à exploiter ce titre en 45 tours, Philips fit alors pression pour que les voix soient refaites sur la même piste sonore ; « Go Where You Wanna Go » est mis de côté et « California Dreamin' », sorti à sa place, devient instantanément un tube mondial, précipitant The Mamas & The Papas sur le devant de la scène internationale. C'est un classique absolu de la pop, mâtiné de folk, certes, mais où l'influence du gospel est encore plus sensible.
Dans la foulée, le groupe enregistre son premier album, If You Can Believe Your Eyes And Ears (1966), une grande réussite artistique. Incidemment, c'est un morceau écrit et enregistré à la dernière minute au cours de ces séances, « Monday, Monday », qui donnera à The Mamas & The Papas son unique n°1 américain. Des protestations se font entendre aux Etats-Unis contre la pochette de l'album, qui montre les quatre membres du groupe tassés, tout habillés, dans une baignoire, et surtout, à leur droite, une cuvette de W-C (il fallut couvrir d'un rectangle blanc l'objet du litige sur toutes les réimpressions américaines). En 1966 et 1967, le groupe, un des seuls à vivre en communauté, devient une des premières voix du mouvement hippie qui se développe en ce moment. Pendant ces deux années, The Mamas & The Papas cumulent les succès (« I Saw Her Again », « Words Of Love », le « Dedicated To The One I Love » des Shirelles dans une version très supérieure à l'originale), et les albums Cass, John, Michelle And Denny (1966), puis The Mamas And The Papas Deliver (1967) semblent indiquer que le groupe est alors en pleine vigueur. En réalité, le ver est dans le fruit, du fait des problèmes que traverse le couple John-Michelle. Cette dernière quitte même la formation, alors à son apogée, pour une période d'un mois. Les capacités créatrice de Philips finiront par s'en ressentir, et l'autobiographique « Creeque Alley », qui raconte les débuts du groupe et l'époque des vaches maigres (« And no one's getting fat/'Xcept Mama Cass »), donnera à The Mamas & The Papas leur dernier gros succès au printemps 1967. Le 45 tours suivant aurait dû être « San Francisco », mais Lou Adler émit des réserves, et John donna ce titre à son vieux camarade Scott McKenzie, qui sortit de l'anonymat (pour y retourner aussitôt) avec ce tube fracassant. Exactement au même moment, le groupe se produisit au fameux festival de Monterey, dont Philips était le co-organisateur, mais sa prestation fut assez médiocre et, alors qu'il croyait relancer sa popularité à l'occasion, il fut totalement éclipsé par les Who, Jimi Hendrix et Otis Redding. L'album The Papas And The Mamas, paru en 1968, ne soutenait guère la comparaison avec les précédents, et, de fait, le groupe était déjà séparé au moment où il fut mis sur le marché.
En 1971, The Mamas & The Papas se réunissent pour des raisons contractuelles et enregistrent l'album People Like Us, mais les quatre membres du groupe s'entendaient alors si peu qu'il était impossible de les rassembler au même moment dans le studio ; on comprend assez bien dans ces condition l'alchimie des premières années n'ait pu se retrouver. Entre-temps, Mama Cass Elliot avait entrepris dès 1968, et avec succès, une carrière solo remarquée dont on retiendra surtout le désormais classique « Dream A Little Dream Of Me ». Elle mourra malheureusement d'une crise cardiaque, le 29 juillet 1974, à Londres. John Philips avait également sorti un album sous son nom en 1970, John Philips (John The Wolfking Of LA) ; il trouvera peu d'acheteurs, mais parmi ceux-ci se trouvait Bob Dylan, qui en pastichera la pochette pour son album Desire (1975). Presque tout au long des années 70, John Philips vivra paresseusement des quelques 100 000 dollars qu lui rapportent annuellement les droits de ses anciennes chansons. Denny Doherty et Michelle Philips ont enregistré également quelques disques, sans susciter beaucoup d'intérêt ; cette dernière gagna davantage de reconnaissance dans le cinéma, jouant des rôles de premier plan, dans des films de Ken Russell ou Dennis Hopper (dont elle fut l'épouse pour une durée de huit jours).
En 1981, John Philips reforma The Mamas & The Papas avec Denny, bientôt remplacé par Scott McKenzie, sa fille McKenzie Philips et Elaine McFarlane, ex-Spanky And Our Gang. Cette formation tourne depuis avec succès, mais aucun titre nouveau n'a été enregistré à ce jour. On signalera cependant que Philips et Scott McKenzie ont coécrit « Kokomo », un n°1 en 1988 pour les Beach Boys, et que Chynna Philips, la fille de John et Michelle, a fait partie, avec les deux filles de Brian Wilson, du trio Wilson-Philips, qui décrocha deux n°1 aux Etats-Unis en 1990. Quelque peu mésestimés à la fin des années 60 au profit des formations à la fois plus rock et plus engagés politiquement, au premier rang desquelles Jefferson Airplane, The Mamas & The Papas sont aujourd'hui passés dans la mémoire collective et unanimement considérés comme un des plus grands groupes vocaux de tous les temps ; ainsi, la postérité leur a rendu justice.