The Small Faces SMALL FACES (The) : groupe de pop-rock britannique, 1964-1969 et 1977-1978.

- Steve Marriott : chanteur et guitariste. Né le 30.04.1947 à Londres (Angleterre). Mort le 20.04.1991 à Arkesden (Angleterre).
- Ronnie Lane : bassiste et chanteur. Né le 01.04.1946 à Londres. Mort le 04.06.1997 à Austin (Texas).
- Ian McLagan : organiste. Né le 12.05.1945 à Hounslow (Angleterre).
- Kenny Jones : batteur. Né le 16.09.1948 à Londres.

Ce groupe londonien d'authentiques Mods fut marqué par la voix rauque et très noire du cockney Steve Marriott et l'invention musicale de Ronnie Lane, tous deux disparus depuis. Leurs musique a combiné de façon joyeuse et exubérante rhythm ‘n' blues et pop, avec des incursions vers les sons baroques du psychédélisme, ainsi qu'en témoigne le fameux « Itchycoo Park ». La formation a laissé de véritables classiques comme « All Or Nothing », « Lazy Sunday » et « Here Comes The Nice ». Privée de Marriott, elle s'est ensuite transformée en Faces, faisant découvrir Rod Stewart au grand public. Les Small Faces ont, enfin, profondément modelé le style de The Jam de Paul Weller et leur influence est perceptible jusqu'à Oasis.

Les Small Faces avaient en réalité deux leaders : Steve Marriott et Ronnie Lane. Plus effacé, Lane est celui grâce à qui le groupe naquit. Fils d'un camionneur de Plaistow, une banlieue londonienne, il a appris la guitare enfant et travaillé comme apprenti électricien et coursier. Avec un ami présenté par son frère, le batteur Kenny Jones, il fonde les Outcasts, un groupe éphémère qui se produit dans le pub des parents de l'organiste et bassiste Jimmy Winston. A la recherche d'un chanteur et d'un guitariste, Lane et Jones rencontrent Marriott, alors vendeur dans une boutique d'instruments de musique où ils sont venus chercher une basse. A peine âgé de 18 ans, Marriott a déjà une expérience dans le spectacle. Acteur depuis l'enfance, il a chanté le rôle de l'Artful Dodger dans la comédie musicale Oliver et joué dans des pièces radiodiffusées et télévisées. Chanteur exceptionnel, à la voix puissante et hargneuse, il a mené les Moonlites et, à l'âge de 16 ans, enregistré un 45 tours en solo pour Decca, « Give Her My Regards » (1963), dans le style de Buddy Holly. Winston, John Weider et Marriott reprennent avec les Moments, une formation éphémère, le « You Really Got Me » des Kinks, produit par Andrew Oldham et uniquement publié aux Etats-Unis. Ils choisissent de se faire appeler Small Faces : small (« petit ») pour des raisons évidentes dues à leur taille ; face, selon la terminologie en vigueur chez les Mods, signifiant « un mec dans le coup ».

Pris en charge par l'imprésario Don Arden, dont Oldham avait été un collaborateur, ils enregistrent pour Decca « What'cha Gonna Do About It ? » qu'écrit et réalise Ian Samwell, compositeur de « Move It » pour Cliff Richard. La guitare est déformée par la distorsion, un procédé déjà utilisé par les Who pour leur premier 45 tours « I Can't Explain », et qui vaudra aux Small Faces l'accusation infondée d'être des suiveurs. Comme l'écrira un proche des Who : « Les Who étaient devenus des Mods pour leur carrière. Les Small Faces étaient des Mods avant d'être des musiciens. » Winston, jugé insuffisant, est lâché par les autres musiciens et contraint de laisser sa place à Ian McLagan, ancien organiste des Muleskinners devenus Boz & The Boz People. En guise de dédommagement, Jimmy Winston se voit offrir « Sorry, She's Mine » (1966). Après l'échec relatif de l'une des premières compositions de Steve Marriott et Ronnie Lane, « I've Got Mine », les Small Faces s'imposent avec « Sha-La-La-La-Lee » (1966), une reprise de Mort Shuman et Kenny Lynch. « Hey Girl, dû à Marriott et Lane, est n°10 en mai 1966. The Small Faces permet de découvrir la voix très soul de Steve Marriott, haute et fervente, rappelant Sam Cooke et Marvin Gaye. Soumis à un rythme trépidant par Don Arden qui les épuise tout en les rémunérant à peine, les Small Faces enchaînent sans réfléchir tournées, séances de studio et émissions de télévision. Steve Marriott s'évanouira d'ailleurs sur le plateau de l'émission « Ready, Steady, Go ! ». Cette période voit le talent de compositeur de Marriott et Lane culminer : « All Or Nothing » est un classique soul. Alors que les musiciens tentent de se désengager d'un contrat d'Arden, celui-ci fait publier en 45 tours par Decca, « My Mind's Eye », à l'origine la maquette d'une chanson qui tirait sa mélodie d'un cantique, Angels From The Realms Of Glory. Decca publiera encore « I Can't Make It » et « Patterns », deux autres classiques, ainsi que la compilation From The Beginning (1967).

En février 1967, les Small Faces rejoignent avec enthousiasme Immediate, la compagnie qu'Andrew « Loog » Oldham, le manager des Rolling Stones, vient de créer. Divers musiciens, comme PP Arnold, Chris Farlowe et Billy Nicholls, s'y assemblent dans un esprit communautaire, sur le modèle du studio Stax où chacun collabora aux disques des autres, jouant à l'envie. Les Small Faces s'imprègnent alors du courant psychédélique ambiant. Ils se tournent dans un esprit de découverte vers des expérimentations sonores et des mélodies plus baroques, mâtinées de folk. Le premier 45 tours des Small Faces à être publié chez Immediate est « Here Comes The Nice », qui évoque de manière détournée un revendeur de drogue, ce qui crée des difficultés avec la radio de la BBC. L 'album Small Faces s'ouvre à des instruments à vent, des percussions diverses et à tout ce qui traîne dans le studio. Les musiciens ont passé plusieurs mois à réaliser ce disque jaillissant qui soutient la comparaison avec les meilleures productions des Kinks, des Who et des Rolling Stones de la période psychédélique. Avec le tube « Itchycoo Park », les Small Faces sont les premiers à dominer l'effet dit de phasing : ce sera leur premier titre à se vendre aux Etats-Unis. L'excellent 45 tours « Tin Soldier » est publié tandis que le groupe s'apprête à tourner en Australie et Nouvelle-Zélande en compagnie des Who. Pour l'exubérant « Lazy Sunday », Steve Marriott en réponse aux critiques qui lui reprochent de chanter avec un pseudo-accent américain, force à s'amuser son accent cockney naturel : le résultat est irrésistible.

Louant une péniche sur la Tamise , les Small Faces composent dans la joie les chansons pastorales d' Ogden's Not Gone Flake. Cet album dont les plages sont liées par un récitant est présenté sous une pochette ronde représentant une boîte de tabac, sur laquelle on peut à peine lire le nom du group, et sans le moindre titre. Le disque a aujourd'hui beaucoup vieilli. Après un dernier succès, le 45 tours « The Universal », les Small Faces s'engagent pour une tournée américaine dont la première soirée se déroule au Fillmore East de New York en janvier 1969. Le climat y est tendu : Marriott, qui a tenté en vain d'intégrer le guitariste Peter Frampton au groupe, a déjà en tête sa formation suivante, Humble Pie. Ainsi, les Small Faces donnent leur dernier concert à l'île de Jersey. Lane, McLagan et Jones assemblent alors les Faces avec Rod Stewart et Ron Wood, venus de Jeff Beck Group.

Il y aura un post-scriptum à l'histoire des Small Faces. Après la séparation de Humble Pie en 1976, Marriott anime un temps ses All-Stars, auxquels se joint momentanément Alexis Korner, puis enregistre Marriott. Poussé par le succès d' « Itchycoo Park » ressorti en 45 tours, il est poussé à retrouver McLagan et Jones pour recréer les Small Faces. Malheureusement, sans Ronnie Lane, l'entreprise est tronquée. Les musiciens répètent, tournent et enregistrent avec le bassiste Rick Willis le décevant Playmates (1977). Une seconde tournée britannique est accomplie avec Jimmy McCulloch, l'ex-guitariste de Thunderclap Newman. Le groupe se disperse après l'insuccès de 78 In The Shade (1978). Kenny Jones accepte alors de remplacer Keith Moon au sein des Who. Musicien de séances très demandé, McLagan devient le collaborateur régulier des Rolling Stones, et enregistre l'album solo Trouble Maker (1979). Marriott quitte alors le devant de la scène, préférant se produire dans le circuit des pubs, à la tête, pendant quelque temps, de son groupe Packet Of Three. Ce nom au double sens salace, au mauvais goût revendiqué, indique toute l'insolence dont Marriott, parfaitement heureux de ne plus être une vedette, est capable. De cette période, il reste 30 Second To Midnight (1989) et Dingwalls 6-7-1984 (1991). Courant 1991, Marriott travaillait sur un nouveau projet avec Peter Frampton quand, après une soirée au cours de laquelle il avait mélangé cocaïne, alcool et Valium, il mourut dans sa demeure de l'Essex, au cours d'un incendie qu'il avait involontairement provoqué en s'endormant avec sa cigarette allumée.

En 1996, Kenny Jones a crée la compagnie Nyce, dont les bénéfices ont été reversés à Ronnie Lane alors dans la phase ultime de son combat contre la sclérose en plaques. Il a publié ainsi Long Agos And Worlds Apart – A Tribute To The Small Faces (1996), un hommage rendu aux Small Faces par une nouvelle génération pour qui ces londoniens pleins de fougue et de talent ont beaucoup compté.