Spencer Davis Group DAVIS, Spencer (Group) : groupe de rhythm'n' blues britannique, 1964-1967.

- Spencer Davis : guitariste et chanteur. N é le 17.07.1939 à Swansea (Pays de Galles).
- Muff Winwood Alan Price : bassiste. Né le 15.06.1943 à Birmingham (Angleterre).
- Steve Winwood  Hilton Valentine : chanteur, guitariste et claviériste. Né le 12.05.1948 à Birmingham.
- Pete York  Bryan « Chas » Chandler : batteur. Né le 15.08.1942 à Middleborough (Angleterre).

Fleuron du rhythm'n blues britannique, le Spencer Davis Group a révélé dès 1965 un jeune chanteur et musicien prodige, Steve Winwood, alors âgé de quinze ans. Doté d'une voix plus noire que nature, il a chanté les célèbres "Keep On Running", "I'm A Man" et "Gimme Some Lovin'".

Avec son frère aîné Muff, Steve Winwood se produit dès l'âge de douze ans, encore en culottes courtes, au sein de l'orchestre de jazz de leur père saxophoniste. Caché derrière son piano pour qu'on ne remarque pas son âge, il écume les pubs dans la formation de Muff, le Muff-Woody Jazz Band. Lors d'un concert dans une université, les frères Winwood, que le jazz a conduits au blues, rencontrent Spencer Davis, qui chante du blues traditionnel au sein d'une formation de jazz, et Pete York, lui aussi amateur de jazz. Ensemble, ils forment le Rhythm & Blues Quartet, où Steve (longtemps surnommé "Stevie" sur le modèle de Stevie Wonder) alterne sans effort guitares et claviers, reprenant les chansons de Ray Charles d'une voix chaude et intense, étonnante chez un si jeune garçon, qui plus est blanc de peau. Chris Blackwell, futur fondateur des disques Island, entend le Quartet dans un club de Birmingham et le prend aussitôt sous son aile, lui demandant de trouver un nom plus personnel. Timides, les Winwood suggèrent le Spencer Davis Group, pensant ainsi se débarrasser de la corvée des interviews. Dès février 1964, Little Stevie Winwood a quinze ans, le groupe part en tournée, accompagnant le bluesman Jimmy Witherspoon. En avril, il publie son premier 45 tours, une version du "Dimples" de John Lee Hooker. Mais c'est le troisième, la ballade "Every Little Bit Hurts" qui va attirer l'attention.

Les Beatles, les Rolling Stones, les Animals, Manfred Mann, qui accaparent les premières places des classements, chantent alors les louanges du plus musical et du plus swingant des groupes de rhythm'n' blues britanniques. Le terrain est prêt pour le succès de "Keep On Running" que le Spencer Davis Group apprend de Jackie Edwards, l'un des poulains jamaïcains de Chris Blackwell. Début 1966, cet hymne saturé de guitare fuzz détrône le "Day Tripper" des Beatles du n°1. Their First LP (1966), comme son nom l'indique, suit au printemps, regroupant les essais précédents et des reprises américaines que suggère Guy Stevens (futur producteur de Mott The Hoople et London Calling de The Clash), collectionneur et propriétaire du club The Scene. The Second Album (1966) poursuit la même formule, tout en montrant les progrès rapides de Stevie, élève modèle d'Atlantic, Stax et Motown. Un second n°1 calqué sur "Keep On Running" sortira au piano de Jackie Edwards pour l'été : "Somebody Help Me". Autumn'66 (1966) est identique : derniers simples parus, classiques de rhythm'n' blues et titres instrumentaux. Après être apparus dans Pop Gear et The Ghost Goes Gear, deux films d'époque, Stevie, Muff et Spencer composent en une demi-heure "Gimme Some Lovin'" au cours d'une répétition au Marquee. Le riff de basse sur deux notes, le tambourin obsédant, les nappes de l'orgue et la voix soul époumonée de Stevie Winwood en font instantanément un classique, un troisième n°1 repris par tous les groupes de rock garage américains.

Fin 1966, Steve Winwood, alors âgé de 18 ans, se sent épuisé par les tournées incessantes et à l'étroit dans ce format strictement rhythm'n' blues. Il commence à improviser avec un autre groupe de Birmingham, les Helions, composé de Jim Capaldi, Dave Mason et Luther Grosvenor. Déjà, l'année précédente, il avait enregistré un 45 tours avec le producteur Jimmy Miller sous l'identité des Anglos et vient de récidiver pour trois titres avec Powerhouse (où l'on retrouve également Eric Clapton et Jack Bruce) pour le film What's Shakin'? Capaldi et Mason jouent d'ailleurs des percussions pour la version américaines de "Gimme Some Lovin'", dont Jimmy Miller réalise une production nouvelle, composant en collaboration avec Stevie le dernier 45 tours du Spencer Davis Group original, le funky et irrésistible "I'm A Man", qui sera repris avec un immense succès par le groupe Chicago. Une nouvelle fois, Capaldi et Mason sont présents. Devenu un hippie, Stevie Winwood aspire à un autre style de vie, à une autre musique. Il se met d'accord avec Muff sur la date de leur départ commun : avril 1967. Auparavant, le Spencer Davis Group aura explosé aux Etats-Unis, où son authenticité fait merveille : sa soul mâtinée de rythmes latins inspirera en retour Santana, Chicago, les Chambers Brothers et le J. Geils Band. Stevie Winwood monte alors Traffic avec ses nouveaux partenaires ; de son côté, son frère devient le bras droit de Chris Blackwell et de Guy Stevens chez Island ; Davis et York, eux, recrutent Eddie Hardin à l'orgue, Charlie McCracken à la basse et Phil Swayer à la guitare pour enregistrer les chansons du film Here We Go Round The Mulberry Bush, dont le Spencer Davis Group partage le BO avec ledit Traffic.

Cette seconde formation sera de courte durée. Après une tentative dans le folk au début des années 70, Spencer Davis travaillera un temps pour Island comme producteur et homme de relations publiques, avant de se fixer à Los Angeles où il exercera divers métiers dans l'industrie musicale. Il a brièvement réuni son groupe. Il a enregistré un album en 1984, Crossfire , où l'on peut noter la présence de Booker T Jones. Il continue à se produire à la tête de son groupe, qui comprend l'excellent bassiste Colin Hodgkinson, accompagnant d'autres vétérans du jazz-rhythm'n' blues britannique, comme Brian Auger et Chris Farlowe.