LA COUNTRY : genre musical américain apparu dans les années 20, dérivé des musiques traditionnelles à dominante blanche développées dans le sud du pays.

Principalement produit à Nashville (Tennessee) et dans une moindre mesure à Austin (Texas), Memphis (Tennessee), Branson, Los Angeles et même New York, ce genre musical est aujourd'hui le plus populaire des Etats-Unis. Il a été déterminant dans la naissance du rockabilly, avec Hank Williams, Jerry Lee Lewis et Johnny Cash. La country a inspiré Elvis Presley à égalité avec le rhythm'n' blues noir. Toujours appréciée dans les pays nordiques et anglophones, elle a du mal à percer dans les pays latins.

Les historiens peinent à définir les origines de la musique country, une fusion de styles en vigueur dans le sud et l'ouest des Etats-Unis apportés à l'origine par les immigrés des îles Britanniques. La musique country peut aujourd'hui être divisée en une multitude de sous-genres dont chacun a ses vedettes : western swing, bluegrass, honky tonk, cajun, cow-boy, old-time, hillbilly. On peut situer grossièrement l'origine du genre dans les montagnes Appalaches qui ont vu se développer au siècle dernier une tradition musicale mêlant les apports des musiques des immigrants irlandais et écossais, nombreux dans ces régions, à la tradition séculaire des chants des églises baptistes. Une tradition instrumentale s'est développée dans ces vallées peu accessibles, centrée autour du banjo à cinq cordes, un des seuls instruments authentiques américains (bien qu'africain d'origine sous sa forme primitive), le violon (plus communément appelé fiddle), le dulcimer et bien sûr la guitare. Cette forme antique de musique country, toujours populaire dans les montagnes de la région, est souvent appelée old-time ou hilbilly.


Les premiers artistes country dont on ait conservé des enregistrements étaient d'ailleurs des instrumentistes : Eck Robertson, un violoniste qui enregistra pour Victor à New York en juin 1922, et Fiddlin' John Carson qui fut découvert par le chasseur de talents Ralph Peer en 1923. Le chanteur Vernon Dalhart connut le premier succès massif avec une chanson country en 1925, « Wreck Of The Old 97 », qui s'écoula à plusieurs millions d'exemplaires, une performance pour l'époque. Ralph Peer fut également à l'origine de la première séance historique de l'histoire de la musique country : armé d'un studio portatif installé dans le coffre de sa voiture, il débarqua un jour d ‘août 1927 dans la ville de Bristol (Tennessee), et enregistra au cours de la même journée historique Jimmie Rodgers et la Carter Family , qui deviendront les plus grandes stars de l'entre-deux-guerres. Parallèlement à ces premiers artistes qui profitèrent de la vogue naissante du phonogramme, la musique country progressa grâce à l'avènement de la radio et à la puissance d'émissions de certaines stations, comme WSM qui produisit à partir de 1925 le fameux « Grand Ole Opry ».

Immédiatement après le deuxième conflit mondial, des branches nouvelles apparurent comme le bluegrass, popularisé en premier lieu par Bill Monroe. Ce style, pratiqué sur des instruments non électrifiés, s'inspirait fortement de la musique montagnarde des Appalaches (il confirmera sa vitalité en accompagnant le courant néotraditionaliste des années 80). Parmi les grands noms du bluegrass, on peut citer les frères Stanley, Flatt & Scruggs, Jimmy martin ou les Osbornes. Parallèlement au bluegrass, se développait dans les états du Sud profond une musique de danse : le western swing, dont le chef de file était Bob Wills. Ce genre mêlait sur des rythmes de danses campagnardes l'instrumentation et le jeu des musiciens country (steel guitar, fiddle), aux cuivres à la Count Basie et Duke Ellington. Il aura toujours ses ardents défenseurs, comme Hank Thompson dans les années 60 ou le groupe Asleep At The Wheel. Lyle Lovett continue à s'en inspirer.

Dans les années 50 apparut un genre baptisé honky tonk, par référence aux innombrables chansons traitant de tavernes, d'alcool et de vie nocturne. Ses représentants les plus immortels sont Ernest Tubb, Lefty Frizzell, et surtout Hank Williams, dont le talent de poète populaire et la voix déchirante ont marqué pour longtemps le monde de la country, et annoncé le rock'n' roll : il suffit pour s'en convaincre d'écouter son « Move It On Over » sur lequel Bill Haley a calqué son « Rock Around The Clock ». Dans les années 60, par réaction au succès du rock, et pour bien marquer son identité familiale, Nashville s'endormit sous les flonflons formatés du « Nashville Sound », souvent orchestrés par Chet Atkins, guitariste de génie devenu producteur peu inspiré. Ce fut la grande époque de Webb Pierce, Porter Wagner, Tom T. Hall, Marty Robbins, Mel Tillis, Ray Price, Roger Miller, Dolly Parton, autant d'artistes dont le talent et l'authenticité n'empêchèrent pas la ville de s'assoupir dans une prospérité tranquille que secouèrent à peine les plus grandes pointures de l'époque, les tenants de la tradition comme Merle Haggard et George Jones ou les caprices des Outlaws, rebelles talentueux menés par Willie Nelson, Waylon Jennings et Kris Kristofferson.

Les années 70 ont vu l'avènement de chanteurs comme Eddie Rabbitt ou Kenny Rogers, crooners de talent, mais loin des racines de la country. Paradoxalement, une équipe de musiciens remarquables, connue comme « The A Team », prenait alors en main les enregistrements à Nashville : Charlie McCoy, Buddy Emmons, Buddy Spicher. Au début des années 80, Nashville, qui n'avait plus de country que le nom, se réveillait sous les assauts des néotrationalistes, Ricky Skaggs et John Anderson en tête, bientôt suivis par Randy Travis, Keith Whitley, Kathy Mattea, les O'Kanes, les Judds, les Sweethearts Of The Rodeo et bien d'autres qui remirent au goût du jour les styles tombés en désuétude : bluegrass, honky tonk, western swing, ramenant sur le devant de la scène des instruments oubliés comme le violon et la pedal steel (une guitares hawaïenne munie de pédale et de genouillères et jouée en slide avec une barre de métal) et ouvrant la voie à une nouvelle génération d'instrumentistes très talentueux comme Mark O'Connor, Brent Rowan, Jerry Douglas, qui marqueront pour longtemps les productions de l'époque.

Aujourd'hui l'industrie de la musique country, entraînée par des jeunes gens au physique avenant et à la voix superbe mais parfois sans grande personnalité, est au faîte de sa popularité. On fabrique aujourd'hui, sous l'étiquette « new country », une musique qui allie le meilleur et le pire, noyant l'immense public américain sous une avalanche de productions parfois remarquables, le plus souvent insipides et interchangeables.