Bill Haley HALEY, Bill (William) : chanteur et guitariste de rock'n' roll et country and western américain, 1943-1981. Né le 06.07.1925 à Highland Park (Michigan). Mort le 09.02.1981 à Harlingen (Texas).

Ce chanteur déjà expérimenté de country et de western swing, à la tête de ses Comets, a été l'un des premiers musiciens blancs à contribuer à l'invention du rock'n' roll, dont il a été la première vedette internationale. Son "Rock Around The Clock", tube planétaire en été 1955, a tout déclenché.

Batif de Detroit, il passe sa petite enfance dans le Delaware, un petit Etat du sud du New Jersey, oùMaude Green, sa mère, donne des leçons de piano et joue du gospel. Son père, William Sr., aux ancêtres indiens cherokkes, travaille comme mécanicien et joue du hillbilly au banjo et à la guitare. Agé de quatre ans, l'enfant perd son oeil gauche à la suite d'une opération manquée de l'oreille interne. Il grandit dans la banlieue de Chester, une ville proche de Philadelphie (Pennsylvannie). A treize ans, en 1938, il reçoit une guitare pour Noël. Il apprend à jouer et chanter comme son idole, le cow-boy chantant de Hollywood, Gene Autry. Il acquiert un costume de western et se produit en public pour la première fois en 1943. Il recrute des musiciens qu'il baptise les Texas Range Riders. Guitariste au sein des Down Homers, il crée les Range Drifters engagés par l'émission de radio "National Barn Dance" de Chicago, qui se produisent en permière partie de stars comme Red Foley ou Hank Williams. Après leur séparation, il rentre à Chester où il devient animateur de radio, dirigeant lo'orchestre maison, les Four Aces Of Western Swing. Rebaptisés les Western Aces, ils enregistrent à leur compte deux 78 tours dont une reprise de "Too Many Parties, Too Many Pals" de Williams. Avec Billy Williamson (joueur de steel guitar) et Johnny Grande (pianiste, accordéoniste, arrangeur), il monte les Saddlemen : soutenus par Al "Rex" Piccirilli, contrebassiste à qui Bill Haley enseigne la technique percutante du back slap, les Saddlemen gravent deux 78 tours, "Ten Gallon Steson" et "Susan Van Dusan" (Keysone, été 1950), puis "Why Do I Cry Over You".

Influencé par le programme rhythm'n' blues qui précède son émision (où il découvre Ruth Brown et Bog Joe Turner), Bill Hlaley avec ses Saddlemen sera le premier musicien blanc à reprendre, à l'instigation de Dave Miller, patron du label local Holiday, un n°1 rhythm'n' blues en 1951, le "Rocket 88" de Jackie Brenston (alors saxophoniste dans le groupe d'Ike Turner, qui vient d'enregistrer aux studios de Sam Phillips à Memphis). Miller lance Essex, un nouveau label pour lequel Haley grave l'irrésistible "Rock The Joint" (avril 1951), un morceau populaire de rhythm'n' blues enregistré à Philadelphie par Jimmy Preston, avec Danny Cedrone, guitariste magnifique. Des historiens du genre ont considéré ce titre (un rhythm'n' blues interprété par une formation réduite de western swing) comme le premier rockabilly jamais enregistré. En 1953, Bill Haley acomplit sa métamorphose. Son groupe est rebaptisé les Comets (en référence à la fameuse comète de Halley) sous l'impulsion d'un nouveau manager, Lord Jim (James Ferguson), qui persuade les garçons d'abandonner leur panoplie de western en faveur de leurs fameux smokings en tissu écossais. Haley écrit "Rock A-Beatin' Boogie" (fin 1952), repris par Cedrone ainsi que par les Treniers. On commence, à propos de cette musique où le hillbilly-jive côtoie le rhythm'n' blues-jump de Louis Jordan et Big Joe turner, à parler de rock'n' roll. Après "Rockin' Chair On The moon" et "Real Rock Drive", Haley et ses Comets enregistrent "Crazy, Man, Crazy" (avril 1953) à New York avec le guitariste Art Ryerson et l'ingéneiur du son Tom Dowd. Ce titre est le premier disque de rock'n' roll blanc, où Haley utilise un langage des cours d'école, à obtenir un succès national. Après "Fractured", "Live It Up" marque l'arrivée d'un saxophoniste baryton, Tony lance, vite remplacé par un ténor, Joey Ambrose, pour "Straight Jacket", dernier disque pour Essex. Le succès de "Crazy, Man, Crazy" a suscité un contrat avec Decca. Haley enregistre alors le "Shake, Rattle And Roll" de Big Joe Turner, là encore un des titres fondateurs du rock'n' roll. "Dim, Dim The Lights" et "Birth Of The Boogie - Mambo Rock" suivront, mais c'est quelques mois plus tars qu'aura lieu le tremblement de terre.

L'histoire de "(We're Gonna) Rock Around The Clock", qui s'est vendu à 25 millions d'exemplaires à travers le monde, est tortueuse. A l'origine, James E. Myers (sous le pseudonyme de Jimmy DeKinght) compose un air sur lequel Max C. Freedman écrit des paroles pour Haley , qui en réalise une maquette dès le début de 1953. Milt Gabler, l'ancien producteur de Louis Jordan, l'entend : c'est ce qui le décide à offrir un contrat à Haley pour Decca en avril 1954. Le titre est enfin enregistré au Pythian Temple, salle de danse new-yorkaise transformée en studio. L'utilisation de "Rock Around The Clock" dans le film de Richard Brooks Blackboard Jungle (mars 1955) popularise le rock'n' roll (que l'on croit alors n'être qu'une mode) à travers le monde. Danny Cedrone, le guitariste soliste, a alors succombé à une maladie foudroyante. Le saxophoniste de Joey d'Ambrose, le bassiste marshall Lytle et le batteur Dick Ricahrds (les premiers Comets) deviennent en septembre 1955 les Jodimars. Bill Haley occupera peu de temps le premier rôle, vite rélégué au second plan par l'arrivée de Chuck Berry, Little Ricahrd et bien sûr Elvis Presley, non sans avoir aligné une série de 45 tours fameux : "Burn That Candle", "See You Later Alligator" et "R-O-C-K The Saints Rock'n' Rol"l. Mais son importance sera immense hors des Etats-Unis, où, premier ambassadeur du rock'n' roll, il sera accueilli comme le Messie. Une tournée en Australie en janvier 1957 sera suivie d'une arrivée épique en bateau en Angleterre, à Southampton, en février où se déclenchent des scènes d'hystérie. Des émeutes auront lieu en Allemagne.

Bill Haley, sorte de gros père tranquille débonnaire et jovial, n'avait rien d'un rebelle sauvage. Contrairement aux inventeurs du genre, il n'avait jamais été en contact avec les chanteurs noirs de rhythm'n' blues, se contentant d'appliquer le rythme et l'énergie des disques qu'il avait entendus à la radio à sa musique. Son style net et précis, à l'aspect "revue" revendiqué, est illustré par l'album Rock'n' Roll Stage Show. Il l'a appliqué à toutes sortes de thèmes : anciens (Rockin' The Oldies), folkloriques (Rockin' Around The World) ou fantaisistes. Il connaîtra une existence difficile : divorcé plusieurs fois, ayant une nombreuse progéniture, endetté, réfugié au Mexique pour fuir fisc et créanciers, il sombrera dans l'alcool. Seul son excellent saxophoniste Rudy Pompili lui demeurera fidèle. Fixé au Texas en 1971, il enregistrera sa dernière séance au studio Fame de Muscle Shoals, donnant lieu à Everyone Can Rock'n Roll. Une maladie liée à son alcoolisme l'emportera chez lui alors qu'il n'avait que 56 ans. On peut le retrouver, accompagné de ses Comets au jeu acrobatique, dans les films Rock Around The Clock (Fred Sears, 1956), Don't Knock The Rock (Fred Sears, 1957), Let The Good Times Roll (Sid Levin & Robert Abel, 1973) et Blue Suede Shoes (1979).