The Who WHO, The : groupe de rock britannique, 1964.

- Pete Townshend : guitariste, chanteur et claviériste. Né le 19.05.1945 à Londres (Angleterre).
- Roger Daltrey : chanteur. Né le 01.03.1944 à Londres.
- John Entwistle : bassiste, joueur de cor anglais et chanteur. Né le 09.10.1944 à Londres. Mort le 27.06.2002 à Las Vegas.
- Keith Moon : batteur. Né le 23.08.1947 à Wembley (Angleterre). Mort le 07.08.1978 à Londres.

Pour une bonne part du public français, ce groupe londonien est demeuré associé au célèbre opéra rock, Tommy, crée en 1969. Ceux qui les ont vu sur scène savent que les Who pourraient ravir le titre de leurs rivaux les Rolling Stones de "plus grand groupe de rock'n' roll du monde". Adaptateurs, à leurs débuts, des titres de rhythm'n' blues américain de Bo Diddley et James brown, et marqués par la soul de Tamla Motown et de Stax, ils furent le groupe symbole du mouvement mod anglais. Ils restent, avec les Kinks, les premiers à avoir crée un rock purement anglais. Ils se sont imposés avec fracas, en 1965, grâce à "My Generation", un hymne qui contribua à définir le message de frustration adolescente, de défi et de rébellion sans lendemain du rock. Avec quatre individualités aussi marquées, différentes et complémentaires que celle des Beatles, les Who ont été le modèle de bien des groupes à venir : Roger Daltrey, à la voix hurlante et paroxystique, servira d'exemple à d'innombrables chanteurs de hard rock ; Pete Townshend, avec ses bonds et ses moulinets de guitare, donnera à des milliers d'adolescents l'envie de monter sur scène, et beaucoup s'essaieront à retrouver son acuité de parolier ; le bassiste John Entwistle, calme et pondéré, au jeu fin et mélodieux issu du jazz, très apprécié des spécialistes ; et, enfin, Keith Moon, le premier batteur-vedette de l'histoire du rock, dont le jeu fougueux et polyrythmique et les pulsions destructrices (et autodestructrices) ont apporté aux Who une sauvagerie irremplaçable. De tous les groupes de l'invasion britannique, les Who sont enfin ceux qui ont le plus inspiré les formations sauvages de rock garage américaines. Leur influence sur Jimi Hendrix a été patente, comme sur le Velvet Underground et les Stooges d'Iggy pop. Le hard rock leur doit ses outrances sonores et sa suramplification spectaculaires. De Patti Smith à The Clash et The Jam et jusqu'à Hüsker Dü, le punk-rock leur a également pris sa violence et son énergie incontrôlée.

Elevés à londres dans le quartier relativement aisé de Shepherds' Bush, Pete Townshend et John Entwistle sont amis d'enfance. Le père de Townshend a joué du saxophone dans l'orchestre militaire de la Royal Air Force, et sa mère est chanteuse dnas un orchestre de variétés ; Entwistle a appris le cor anglais et le piano au Middlesex Youth orchestra. Les deux garçons font leurs débuts ensemble sous le nom des Confederates, une formation de jazz dixieland, qu'ils animent à l'Acton Grammar School en 1959 : Pete est au banjo et John à la trompette. A la fin du lycée, Pete commence des études d'arts plastiques en 1961 et étudie la guitare. De son côté, John Entwistle devient fonctionnaire du Trésor Public, jouant durant ses loisirs de la basse pour les Detours : formé en 1962, ce groupe de skiffle est animé par Roger Daltrey, un ouvrier du quartier qui travaille dans un atelier de tôlerie où il se bricole des guitares. Toujours prêt à frapper de ses poings, il est le chef incontesté de la bande, à la fois guitariste soliste et trombonoste, et conduit une précieuse camionnette. Quand les Detours renvoient leur guitariste rythmique, très limité, Entwistle suggère d'amener son ami Townshend. Avec d'abord Colin Dawson, un imitateur de Cliff Richard, un certain Gabby, qui chante quelques titres country and western, et le batteur Doug Sandom, ils jouent un soir en première partie de Johnny Kidd & The Pirates. Cette expérience les pousse à adopter la formule guitare-basse-batterie. Daltrey abandonne la guitare et reste le seul chanteur après le départ des deux autres.

Les Detours se taillent vite une réputation dans les pubs et les clubs de l'Ouest londonien en y jouant du rhythm'n' blues et du rock'n' roll. Ils sont alors brièvement baptisés une première fois The Who à la suggestion d'un ami de Pete Townshend, Richard Barnes. Un soir que les Detours donnent un concert au pub de l'hôtel Oldfield de Greenford, à Londres, un garçon d'à peine 17 ans, vanté par un membre du public, monte sur scène, délogeant le batteur Doug Sandom. Soûl, les cheveux décolorés, vêtu de manière excentrique, Keith Moon frappe comme un furieux sur la batteire qu'il faut attacher à un poteau pour qu'elle ne s'effondre pas. Ex-membr des Beachcombers, un groupe de surf-rock, il possède un style ciolent et excessif, dont l'innovation comptera pour beaucoup dans le son des Who. Entwistle manie déjà la basse en virtuose et développe un style mélodieux d'une puissance inédite, mettant en valeur le son métallique particulier des cordes Rotosound. La réputation de sauvagerie des Who ne fait que croître. Un autre soir, à l'hôtel Railway de Harrow, Pete Townshend plante accidentellement sa précieuse guitare dans le plafond, peu solide, et en casse le manche. Agacé par le manque de réaction du public, il la fracasse contre un ampli, ce qui déchaîne la foule et déclenche un nouveau style de spectacle. Keith Moon l'imite bientôt en renversant sa batterie à la fin des concerts.

Durant l'été 1964, Pete Meaden devient leur imprésarion et agent. Persuadé de tenir le groupe auquel la juenesse britannique va s'identifier, il modèle son image de façon décisive en mettant en valeur le style mod propre à son public. A son initiative, les musiciens prennent pour nom les High Numbers et enregistrent au studio Fontana le « Here ‘Tis » de Bo Diddley, le « Leaving Here » d'Eddie Holland ainsi que les deux titres qui constituent le prmeier 45 tours des High Numbers, alors tout à fait ignoré, « I'm The Face Zoot Suit » ; ces deux derniers ont été écrits par Meaden. Les influences principales des Who sont alrs les bluesmen Jimmy Reed, John Lee Hooker, Snooks Eaglin, les musiciens de jazz Mose Allison, Jimmy Smith, Nina Simone et les rockers Bo Diddley, Link Wray, Chuck Berry et Carl Perkins. Pete Townshend est particulièrement marqué par le jue de guitare d'Eddie Cochran et de Steve Cooper de Boker T & The MG's, mais aussi par Carl Wilson des Beach Boys.

Fin 1964, deux jeunes assistants-réalisateurs de films, Kit Lambert et Chris Stamp, entrent en scène. Ils sont à la recherche d'un nouveau groupe « étrange, surréaliste » pour un court-métrage qu'ils essaient de tourner. Un soir, Lambert découvre les High Numbers à l'hôtel Railway de Harrow ; il en est tellement excité qu'il revient au concert du lendemain au Trade Hall de Watford. « L'excitation que j'ai ressentie, dira-t-il, ne venait pas du groupe. Je n'ai pas pu me mettre assez près. Elle venait des gens qui me bouchaient le passage. » Enthousiasmé, il convainc son associé de devenir avec lui leur imprésario. Les deux hommes prennent aussitôt la place de Meaden, évincé contre quelques livres sterling. Fils du compositeur de musique classique Constant Lambert, Kit Lambert fera découvrir à Pete Townshend la musique baroque de Corelli, Purcell et William Walton, ainsi que Darius Milhaud.

A la recherche d'un nouveau contrat, les musiciens, redevenus les Who, essuient un refus d'EMI en octobre 1964. Ils ont alors beaucoup de succès auprès du jeune public des Mods. Cette bande assemble les éléments les plus élégants du jeune prolétariat londonien, qui n'a eu jusque-là aucun groupe local à se mettre sous la dent. Les Mods apprécient la soul authentique de Tamla Motown et de Stax, le ska jamaïcain, et affectionnent les scooters couverts de rétroviseurs et d'antennes radio géantes, les chaussures pointues italiennes et toute une panoplie très recherché. A la pointe de la mode, ils rejettent leurs rivaux, les rockers, moins raffinés, qui cultivent une image de motards habillés de cuir proches de Marlon Brando dans L'Equipée sauvage ou d'un Vince Taylor. Elite des rues en costume-cravate, patriotique, arrogante, les Mods soutiennent les Who ; les Beatles, qui viennent de devenir des célébrités en quelques mois, sont à leurs yeux des provinciaux, et les élégants Rolling Stones ne reprennent encore que des succès soul noirs américains. La musique des Who est plus violente que celle des premiers, et plus originale que celle des seconds. Fin novembre 1964, les Who donnent une série de concerts à guichets fermés les mardis soir au Marquee Club de Wardour Street, dans le centre de Londres, sous le slogan « Maximum R'n' B ». Pete Townshend exécute d'impressionnants moulinets avec son bras et saute en l'air tout en jouant. Il casse sa guitare contre les amplis certains soirs, estomaquant le public. Roger Daltrey jette son micro sur le sol et Keith Moon brise plusieurs baguettes qu'il jette à la tête de Daltrey. Ils manifestent ainsi une agressivité encore inédite qu'ils revendiquent. La presse musicale anglaise dira bientôt que « les Who ont transformé la pop music en rock music ».

Malgré leur nouvelle allure modelée par Pete Meaden, les quatre membres des Who ne sont pas réellement des Mods. Entwistle et Daltrey ont plutôt des goûts de rockers, et Keith Moon est un fanatique de surf-rock. Seul Townshend s'identifie à cette nouvelle génération et à ses aspirations : au fil des quatre années suivantes, il écrira une série de chansons où celle-ci se reconnaîtra. Encore très influencé par la soul, le son des Who est proche de celui des Kinks, lui aussi d'essence purement britannique. Les Who sont véritablement les premiers musiciens britanniques à créer un rock suffisamment éloigné des influences américaines pour inventer une identité profondément anglaise. Pete Townshend crée aussi une révolution dans la façon d'écrire les paroles d'une chanson de rock. Avant lui, Chuck Berry, Phil Spector, Eddie Cochran, Leiber & Stoller et les divers paroliers avec qui collaborait Brian Wilson des Beach Boys, décrivaient avec délicatesse un quotidien rythmé par des intrigues amoureuses insouciantes, mythifiant le rêve américain. Pete Townshend est le premier à exposer à la première personne le véritable mode de vie des adolescents des grandes agglomérations, nourri de frustrations, marqué par la défiance vis-à-vis de la société adulte.

Fin 1964, les Who sont lancés à Londres, où l'on presse à leurs concerts dévastateurs. Chris Stamp obtient un contrat de disques avec Brunswick. Ils font ainsi une première apparition télévisée dans l'émission « The Beat Room » début janvier 1965 au moment de la publication de leur premier 45 tours, « I Can't Explain ». Ce titre qui dégage une excitation irrésistible est produit par un expatrié américain, Shel Talmy, qui fait participer le guitariste Jimmy Page à la séance. Le 26 janvier 1965, les Who sont programmés en direct dans la fameuse émission de la télévision privée britannique ITV « Ready Steay Go ! », à l'enregistrement de laquelle Kit Lambert fait venir des Mods fervents, habitués du Social Club de Goldhawk Road, où les Who jouent régulièrement les vendredis soirs, près de chez Townshend. Le groupe fait sensation et « I Can't Explain » est un premier succès. John Entwistle quitte alors son travail de bureau. Le 2 avril 1965, les Who enregistrent leur première séance pour la radio BBC. Très préoccupé de médiatisation, Kit Lambert les incite à créer un morceau qui contienne, en concentré, leurs effets scéniques les plus innovants : c'est ainsi que naît « Anyway Anyhow Anywhere », qui présente larsens, distorsion, roulements de batterie en cavalcade, effets de guitare en tout genre. Cette démonstration de puissance, voire d'arrogance, bien dans la manière des Mods, frappe les esprits. Les Who présentent le morceau à l'émission « Ready Steady Go ! » qui l'adoptera bientôt comme musique de générique. Les Who entament une tournée européenne à Paris le 2 juin, participant en aoput au National Jazz & Blues Festival de Richmond, au sud de Londres, et se produisent quatre fois en première partie de Donovan le même mois.

Une nouvelle tournée européenne, commencée en septembre, précède l'enregistrement et la sortie d'un des 45 tours les plus célèbres de l'histoire du rock. Les Who s'y prendront à plusieurs fois pour enregistrer « My Generation ». Après deux séances infructueuses, à la recherche d'un son d'une puissance maximale, ils décident de réarranger la chanson avec les célèbres passages de la basse d'Entwistle en solo. Pour obtenir le son nécessaire, Entwistle doit acquérir une basse Danelectro, rendue célèbre par les Ventures, la seule équipée de cordes suffisamment souples pour l'effet twang recherché. A la troisième séance, il casse toutes les cordes, trop fines, mais ne peut les remplacer. Il doit acheter une deuxième Danelectro pour s'en procurer, puis casse à nouveau les cordes et se résout à en acquérir une troisième, dont le son sera immortalisé à la dernière et cinquième séance le 13 octobre 1965 au studio Pye. « My Generation » est publié en novembre, montant n°2 à la fin du mois. Le bégaiement forcé de Roger Daltrey deviendra aussi légendaire que l' « I Can't Get No » scandé par Jagger avec les Rolling Stones. Ce morceau qui s'achève en chaos total devient l'hymne de la révolte de la jeunesse qui gronde dans le monde occidental. Le premier album des Who, My Generation (décembre 1965), est publié à Noël. Il contient « My Generation » et « The Kids Are Alright », où Townshend révèle un talent pour la mélodie qui le met à égalité avec les plus grands, ainsi que des reprises de rhythm'n' blues comme « I'm A Man » de Bo Diddley et « Please Please Me » et « I Don't Mind » de James Brown. Trop spécifiquement britanniques, les Who mettent du temps à avoir un impact aux Etats-Unis. Leur passage à l'émission télévisée américaine « Shindig » sur ABC aura néanmoins quelques répercussions, notamment à Detroit, Boston et San Francisco, où leur exemple encouragera les plus sauvages des groupes de rock garage. En mars 1966, les Who publient l'extraordinaire 45 tours « Substitute », un disque produit par eux seuls, sans l'assistance de Shel Talmy. Les paroles de Townshend sont d'un réalisme à l'acidité rare sur les rapports sentimentaux adolescents. Cette année-là, les Who passent de la marque Brunswick à Reaction, un label fondé par Robert Stigwood, le partenaire de Brian Epstein, l'imprésario des Beatles, qui lancera bientôt les Bee Gees. Brunswick concurrence jusqu'à la fin 1966 leurs 45 tours suivants : une nouvelle édition de « Substitute » sera contrée par « Legal Matter » et « I'm A Boy » par « The Kids Are Alright ». « Substitute » est le premier titre des Who à être diffusé en 45 tours aux Etats-Unis où, en avril 1966, l'album My Generation est publié par les disques Decca. Au printemps 1966, les Who se produisent à travers le Royaume-Uni en première partie du Spencer Davis Group. Une tournée en Suède en octobre précède une émission spéciale de « Ready Steay Go ! » qui leur est exclusivement consacrée. Diffusée le 21 octobre, elle fait l'objet du seul EP de leur carrière, Ready Steady Who, qui comprend une reprise du thème du feuilleton télévisé « Batman » et du Barbara Ann » popularisé par les Beach Boys. Début décembre 1966, paraît le deuxième album des Who, A Quick One. Plus éclectique que le précédent, il comprend une longue suite que Townshend décrit déjà comme un mini-opéra, « A Quick One While He's Away ».

En mars 1967, les Who donnent leur premier concert sur le sol américain dans le cadre d'un spectacle organisé à New York au RKO Radio Theater et présenté par le célèbre disc-jokey Murray The K. Paru au Royaume-Uni en décembre 1966, leur nouveau 45 tours, « Happy Jack » sera le premier à bien se vendre aux Etats-Unis montant au n°24 en mars 1967. Kit Lambert et Chris Stamp fondent alors le label Track, distribué par Polydor, Lambert devenant leur producteur artistique attitré. Après le très mélodieux 45 tours « Picture of Lily », inspiré à Townshend par les photos d'une ancienne vedette de music-all, est publié par Track. Le 18 juin 1967, les Who sont lancés avec fracas aux Etats-Unis par un passage au fameux festival de Monterey, qui relève aussi les débuts de Jimi Hendrix Experience. De retour à Londres, en soutien à Mick Jagger et Keith Richards emprisonnés pour détention de drogues, les Who enregistrent deux compositions des Rolling Stones, « The Last Time » et « Under my Thumb » publiées en 45 tours. Leur première tournée américaine débute en juillet 1967, où ils se produisent en première partie des anodins Herman's Hermits qu'ils ridiculisent avec leur spectacle éblouissant. Keith Moon multiplie les frasques : il détruit régulièrement sa batterie, mais aussi ses chambres d'hôtel. Pour la fête anniversaire de ses vingt ans, il déclare avoir vingt et un ans, âge légal requis pour qu'on lui serve de l'alcool, et conduit la Cadillac louée par un invité jusqu'au fond de la piscine de l'hôtel. Ces célébrations lui valent une interdiction de séjour à vie dans la chaîne d'hôtels Holiday Inn. En septembre, lors d'une prestation à un programme télévisé américain, Keith Moon introduit dans sa batterie un explosif d'une charge si forte qu'une cymbale, valdinguant, lui occasionne une coupure à la jambe ; le bruit est tel qu'il endommage l'ouïe de Pete Townshend dont les cheveux s'enflamment ; enfin, présente sur le plateau, la comédienne Bette Davis s'évanouit dans les bras de Mickey Rooney. Hormis cet événement, de fortes tensions entre Keith Moon et Pete Townshend sont exacerbées, Roger Daltrey s'affrontant également avec les autres.

La période psychédélique aura le même effet sur Pete Townshend et les Who que sur leurs amis et rivaux, Beatles, Kinks et autres : elle les poussera à se transcender et à inventer une musique nouvelle, jamais entendue. Le 45 tours « I Can See for Miles » influencé par l'acid rock californien, à la mélodie inspirée de la musique baroque, est un des chefs d'œuvre de la période. Après une tournée britannique avec Traffic, The Herd, Marmalade et les Tremeloes, suivi d'une visite américaine et d'une nouvelle tournée britannique, les Who publient le remarquable The Who Sell Out (1967), où le talent et l'imagination de Townshend et des autres déploient des ailes de géants. La pochette brode avec un humour à la Hara-kiri sur le thème du titre qui signifie « les Who sont des vendus. On y voit Pete Townshend se passer une grosse boîte de sel sous les aisselles comme un déodorant, et un autre musicien plongé dans un bain de haricots rouges. Entre les morceaux, les Who inventent des jingles et des publicités, semblables à celles que l'on entend sur la station radio pirate Radio Caroline. Dans la lignée d' « I Can see for Miles », jaillit le psychédélique « Armenia, City in the Sky » ; chanté d'une voix d'enfant de chœur par Townshend lui-même, « I Can't Reach You », avec sa mélodie à la Brian Wilson, révèle un musicien capable d'exprimer avec candeur et vulnérabilité sa quête spirituelle. En février 1968, les Who accomplissent enfin leur première tournée américaine en tête d'affiche. L'album The Who réunit des morceaux comme « Run Run Run » « In The City » « Boris the Spider », « Circles », « I'm A Boy » et le « Heatwave » de Martha & The Vandellas.

Au milieu de l'année 1968, Pete Townshend suit un tournant dont les conséquences modifieront radicalement sa façon d'aborder la musique. Il découvre l'enseignement de Meher Baba, un gourou indien dont il va s'efforcer de suivre les préceptes stricts dans sa vie. En juin, après « Call Me Lightning » le 45 tours « Dogs » est un échec qui le détermine à tourner la page. Il range peu à peu sa Rickenbacker et ses guitares Fender et utilise de plus en plus des Gibson Les Paul et S.G. au début d'une tournée américaine qui dure tout l'été 1968. Les Who y interprètent pour la première fois des extraits de l'œuvre ambitieuse qu'ils préparent, Tommy. Townshend écrit de plus en plus sur le thème de l'ego, et en particulier, comme le suggérait déjà The Who Sell Out, à propos des rapports entre les vedettes et leurs admirateurs. La désillusion qu'a occasionnée à ses yeux, la récupération des mouvements idéalistes de jeunes et de ses meneurs est dorénavant centrale dans son œuvre. Le 2 août 1968 les WHo jouent à la même affiche que les Doors au New York Singer Bowl. En septembre 1968, publié deux mois auparavant, le 45 tours « Magic Bus » s'inspire du rythme caractéristique de Bo Diddley et sur scène est propice à une longue improvisation débouchant sur une transe.
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