ACID ROCK : mouvement musical apparu en 1965 sur la Côte Ouest des Etats-Unis.

Cette étiquette a été utilisée pour désigner la musique créée par les groupes californiens qui, sous l'influence du LSD (acide) et d'autres drogues hallucinogènes, poussèrent le rock vers des formes d'expérimentation et d'improvisation nouvelles.

Synonyme de rock psychédélique, elle a d'abord réuni l'ensemble des formations de la baie de San Francisco qui, à partir des bases blues, folk, jug band (fanfares) et parfois jazz de la musique populaire américaine, ont introduit, sous l'influence de psychotropes, des effets primaires d'intensification électronique sur des instruments électriques, comme le fuzz ; des répétitions de séquences d'accords influencées par le raga indien, et des improvisations bruitistes et dissonantes contemporaines du free jazz. A vrai dire, certains de ces effets avaient été introduits auparavant par le guitariste Jeff Beck au sein des Yardbirds ; aux Etats-Unis, les Byrds de Los Angeles furent les premiers, sous l'influence de David Crosby, à apporter des sonorités indianisantes – en même temps que les Beatles guidés par George Harrison – des bruitages électroniques et des solos de guitare inspirés de John Coltrane.

Les groupes le l'acid rock systématisèrent ces pratiques. Sous l'influence de la communauté des Merry Pranksters entraînée par l'écrivain Ken Kesey, lui-même averti des expériences sur le LSD menées par Timothy Leary avec ses étudiants de Harvard, le Grateful Dead ouvrit la voie aux formations de la baie de San Francisco. L'idée selon laquelle la prise de drogues, associée à la musique, devait libérer les sens engourdis à la musique et ouvrir les portes d'un nouveau monde, plus riche que celui que l'on perçoit, fut adoptée par Jefferson Airplane, Quicksilver Messender Service, Country Joe & The Fish, Moby Grape, Big Brother & The Holding Company avec Janis Joplin et le Steve Miller Band, ou à Los Angeles, les Seeds, Love et bien entendu, les Doors. L'importance, surtout rétrospective, d'un groupe comme les 13th Floor Elevators de Rocky Erickson, venus du Texas, montra la puissance inouïe que la prise de drogues pouvait aussi donner à un rock'n'roll-rhythm'n'blues sauvage.

Cela explique peut-être l'acceptation actuelle du terme, assimilé plus étroitement aux groupes punk-garage des années 60. Le psychédélisme a influencé toutes les musiques de la fin des années 60, imprégnant profondément le blues-rock de Cream, le jazz-blues de Jimi Hendrix et le funk de Sly And The Family Stone, puis de George Clinton et Funkadelic. Il a aussi inspiré la musique dite « planante » allemande de Tangerine Dream et Klaus Schulze. Aujourd'hui, le rock psychédélique désigne plus communément un rock où les mélodies et harmonies du folk et l'emploi d'instruments et de sonorités baroques créent un effet onirique, en référence, entre autres, aux tendances psychédéliques des Beatles, des Beach Boys et des groupes pop de l'époque. Les effets s'en sont fait ressentir sur R.E.M. et XTC.

Il existe un psychédélisme typiquement anglais, fait de l'assimilation de ces dérapages instrumentaux et sonores à la tradition des nursery rhymes, du nonsense à la Lewis Carroll, du folklore et du jazz : il a été inventé en 1966-1967 par le Pink Floyd de Syd Barrett, Soft Machine et Caravan, sans oublier le Traffic de Steve Winwood. Le groupe franco-anglais Gong en a été le représentant le plus marquant au début des années 70. En Angleterre, Julian Cope et Robyn Hitchcock ont tenté de rester fidèle à ce qui reste plus un état d'esprit qu'un style de musique bien défini. Un de ses avatars a resurgi dans les raves de la fin des années 80, liées à un style sonore planant baptisé acid house.