COUNTRY ROCK : genre musical américain apparu en 1968 aux Etats-Unis.

Rencontre de deux cultures américaines opposées à la fin des années 60, ce genre musical a été inventé par Bob Dylan et Gram Parsons avec les Byrds. Il a ouvert la voie au succès des Eagles et de Neil Young. Pour mesurer l'apparent paradoxe de cette étiquette maintenant admise, il convient de se placer dans le contexte des années 60. Le rock portait alors le flambeau d'une jeunesse étudiante en révolte, véhiculant antimilitarisme, cheveux longs, amour libre et usage libérateur des drogues.

La musique country était en revanche un courant désuet et passéiste, marqué par des interprètes d'une autre génération et charriant des idées plus conservatrices (Merle Haggard venait d'enregistrer son « Okie From Muskogee », véritable hymne nationaliste). Il fallait donc un artiste de l'envergure de Bob Dylan pour oser le rapprochement entre les deux genres. Il commença par se rendre à Nashville pour y enregistrer Blonde On Blonde en 1966, puis, deux ans plus tard, John Wesley Harding et enfin Nashville Sky line en 1969. Les réactions ne se firent pas attendre, et Dylan, à Newport comme dans l'île de Wight, se vit conspuer par ses anciens fans, la critique ayant du mal à saisir le sens de cette nouvelle provocation. La brèche était ouverte, et les Byrds, guidés alors par les Gram Parsons, originaire de Floride, ne tardèrent pas à s'y engouffrer en enregistrant en 1968 Sweetheart Of The Rodeo, album charnière qui reste le premier disque authentiquement country-rock. Parsons, à la fois nourri de contre-culture contestataire et admirateur des traditionalistes Merle Haggard et George Jones, parvint même à faire jouer les Byrds au « Grand Ole Opry ».

Gram Parsons et Chris Hillman des Byrds fondèrent ensuite The Flying Burrito Brothers dont les albums Gilded Palace Of Sin (1969) et Burrito Deluxe (1970) influencèrent toute une génération d'adeptes du country-rock. Les Eagles, Poco, et dans une moindre mesure tous les tenants du mouvement outlaw (Waylon Jennings, Willie Nelson, Billy Joe Shaver), s'inspirèrent alors du genre et Parsons continua d'en porter le flambeau jusqu'à sa mort prématurée en 1973. Il eut néanmoins le temps, avec Chris Hillman, de découvrir une jeune chanteuse folk fixée à Washington, Emmylou Harris, qui grava quelques superbes albums dans les années 70, fortement marqués par l'influence de Parsons dont elle reprit plusieurs titres. Mais Emmylou et le country-rock en général allaient revenir dans le giron de Nashville au cours des années 80. L'esprit rebelle soufflant sur le rock s'estompant, et les esprits devenant beaucoup plus ouverts à la musique country, le courant perdit peu à peu sa raison d'être et mourut de sa belle mort.


L'influence du country-rock reste néanmoins immense sur la production country actuelle, de nombreux artistes revendiquant haut et fort l'inspiration qu'ils y ont puisée. Le mouvement country-rock a parfois été qualifié de « redneck-rock », une définition qui convient en fait mieux au rock sudiste, qui fédérait sur des rythmes binaires et des accents de guitare slide un mode de pensée ouvertement conservateur (en tout cas de la part des auditeurs, qui s'affichaient en concert en brandissant des drapeaux sudistes). Le country-rock avait été, à l'inverse, une école musicale puisant sa musique à la source country, mais véhiculant des idées en phase avec la jeunesse de l'époque, Dylan, Parsons et Hillman pouvant difficilement être soupçonnés d'avoir préfiguré l'Amérique reaganienne.