Blind Willie McTell BLIND WILLIE McTELL (Williams Samuel McTell ou McTear) : chanteur et guitariste de blues américain 1927-1959. Né le 05.05.1901 à Thompson (Géorgie). Mot le 19.08.1959 à Milledgeville (Géorgie).

Ce bluesman d'Atlanta a créé un style unique dans les années 20 et 30, mêlant au blues diverses influences, du folklore au ragtime, chantant d'une voix haute et claire en s'accompagnant à la guitare douze cordes selon un picking de son invention.

McTell naît aveugle dans une famille noire misérable de Géorgie. D'après certaines sources, son vrai nom serait McTear. Si l'on en croit une interview accordée par son épouse Kate McTell en 1977 pour le magasine Blues Unlimited, des membres de sa famille paternelle, connus pour être des distillateurs clandestins notoires, auraient camouflé leur nom pour échapper aux recherches. Sa mère lui enseigne la guitare quand il a une dizaine d'années et, peu de temps après, il joue dans des carnavals et, des minstrel shows comme le John Roberts Plantation Show. Il fréquente également des établissements pour jeunes aveugles à New York et en Géorgie, où il apprend le braille. Après quelques années d'errance ferroviaire (il fut un de ces fameux hobos, chers au roman américain), il fait ses premiers enregistrements pour Victor en 1927 à Atlanta. A la fin des années 20 et dans les années 30, il propose ses services à tous les talent scouts (chercheurs de talents ambulants) de passage, travaillant ainsi sous des identités différentes pour tous les labels prêts à lâcher quelques dollars : il est ainsi « Blind Sammie » pour Columbia, « Georgia Bill » pour OKeh, « Red Hot Willie Glaze » pour Bluebird, « Blind Willie » pour Vocalion. Il enregistre également pour les Lomax en 1940, mais ces bandes restent longtemps inédites car les célèbres musicologues n'ont pas une haute opinion de son travail. La plupart de ces enregistrements sont réalisés par McTell s'accompagnant seul à la guitare douze cordes, dont il joue à merveille, avec le renfort occasionnel de musiciens comme Curly Weaver ou Buddy Moss.

En 1934, McTell épouse Ruth Kate Williams, une infirmière militaire qui semble s'accommoder fort bien des déplacements permanents de son mari : entre 1937 et 1948 il gagne en effet sa vie en faisant la manche dans les grandes villes de la Côte Est. En 1949 il se rend aux Studios Atlantic de New York où il rencontre Ahmet Ertgun qui lui fait publier un simple avec deux titres qu'il avait déjà enregistrés des années auparavant : « Kill It Kid » et « Broke Down Engine Blues » sous le nom de Barrelhouse Sammy. En 1950, il enregistre ses dernières séances officielles pour Fred Mendelsohn de Regal, qui recherche alors des artistes à Atlanta. Ed Rhodes, un disquaire d'Atlanta, réussit quelques années plus tard à le convaincre de travailler pour lui dans son arrière-boutique sur du matériel de fortune, malgré ses réserves. Ces bandes, longtemps stockées, ont été redécouvertes il y a quelques années. Ces documents sonores irremplaçables sont parus chez le label Prestige-Bluesville en 1987 sous le titre Blind Willie McTell Last Session. Vers 1957 McTell abandonne le blues et devient pasteur. Il consacre ainsi les dernières années de sa vie à se déplacer en prêchant la bonne parole. Il disparaît des suites d'une hémorragie cérébrale. Il a laissé de nombreuses chansons et certaines d'entre elles, comme « Statesboro Blues », ont été reprises par Taj Mahal et l'Allman Brothers Band qui en a fait son thème. Plusieurs collections donnent un bon aperçu de l'œuvre de Blind Willie McTell. Bob Dylan, qui lui a consacré une chanson splendide, et aujourd'hui un de ses plus fervents admirateurs.