Judy Collins COLLINS, Judy (Judith) : chanteuse, pianiste et guitariste de folk américaine, 1961. Née le 01.05.1939 à Seattle (Washington).

Originaire du Colorado, cette chanteuse est l'une des personnalités les plus riches de ce que l'on a appelé le folk revival des années 60 sur les Côtes Est et Ouest. Dotée d'une belle voix de soprano, souvent comparée à Joan Baez, elle a été interprète de chansons folk traditionnelles comme « Amazing Grace » mais aussi de Brel et de Kurt Weill. Elle a crée la première les chansons de Randy Newman, Leonard Cohen et Joni Mitchell.

Elle grandit à Denver, la capitale du Colorado. Son père, Chuck Collins, aveugle de naissance, y est une célébrité locale : il anime un programme à la radio et dirige un petit orchestre qui distrait les auditeurs. La jeune fille suit une formation de pianiste classique sous la direction d'une forte personnalité, la femme chef d'orchestre Antonia Brico. Elle interprète son premier concerto en public à l'âge de 13 ans. Elle découvre son amour pour les chansons populaires et traditionnelles vers l'âge de 16 ans, à l'occasion de parties de camping dans le parc naturel des montagnes Rocheuses. Renonçant à suivre une carrière toute tracée de pianiste, elle veut chanter les airs traditionnels du répertoire folklorique en s'accompagnant à la guitare. Elle se marie avec l'un de ses professeurs et part vivre avec lui en pleine nature, dans une cabane perdue dans les montagnes Rocheuses. En 1959, après la naissance de son fils, le couple part s'installer à une coffee house à Denver et dans les environs. Mais c'est au Gate of Horn de Chicago qu'elle fait ses vrais débuts. Après l'avoir entendue chanter à New York au Gerde's Folk City de Greenwich Village, Jac Holzman, le patron des disques Elektra, lui signe un contrat. Ses deux premiers albums, A Maid Of Constant Sorrow (1961) et Golden Apples Of The Sun (1962) sont très représentatifs du « folk revival » de l'époque : ils sont composés exclusivement de reprises de chansons du folklore traditionnel, comme « Minstrel Boy ».

En 1962, la chanteuse passe six mois à l'hôpital pour soigner une tuberculose contractée après son divorce. Dans Judy Collins N°3, elle se montre plus engagée, reprenant le « Masters Of War » de Bob Dylan, ainsi qu'un autre manifeste pacifiste, « Come Away Melinda », composé par Tim Rose. L'album est arrangé par le jeune Jim McGuinn, futur fondateur des Byrds. Grâce à ce disque et au suivant, Live, The Judy Collins Concert, où elle interprète à nouveau Dylan, mais aussi Tom Paxton et Phil Ochs, elle s'impose comme l'une des interprètes les plus virulentes de chansons engagées. En 1966, associe à Joshua Rifkin, un pianiste et arrangeur diplômé de l'académie Juilliard, grand connaisseur du ragtime, elle part enregistrer à Londres, accompagne d'un grand orchestre, un éventail de chansons plus large qu'auparavant. Plus que par une reprise de la chanson des Beatles du même nom, In My Life (1966), elle se distingue par des extraits de la comédie musicale de Peter Weiss, Marat/Sade, montée cette année-là à Londres par Peter Brook, et surtout par la création de « Suzanne », la chansons d'un poète canadien, Leonard Cohen, appelé à une grande notoriété. Le disque suivant, Wildflowers, toujours produit par Rifkin, poursuit dans la même veine électrique : elle y reprend Brel ainsi qu'une chanson de Bertolt Brecht et Kurt Weill tirée de L'Opéra de Quat'Sous. Elle y présente deux auteurs-compositeurs encore inconnus comme chanteurs : le californien Randy Newman, dont elle reprend « I Think It's Going To Rain Today », et la canadienne Joni Mitchell, dont elle crée le « Both Sides Now », un immense succès aux Etats-Unis à la fin de l'année 1968. Avide d'expériences nouvelles, elle fait en 1969 ses débuts de comédienne au théâtre, interprétant dans le cadre du New York Shakespeare Festival le rôle de Solveig dans le Peer Gynt d'Isben, aux côtés de Stacey Keach. Trois ans plus tard, elle prépare et tourne elle-même un documentaire consacré à la vie de son ancien professeur de piano, Antonia Brico, intitulé Antonia : Portrait of a Woman.

De tous les combats politiques de la gauche américaine (le procès des Sept de Chicago en 1970, la campagne pour McGovern contre Nixon en 1972), elle se tourne vers le folk électrifié dès 1968, enregistrant à New York Who Knows Where The Time Goes ? accompagnée par un groupe de rock où figurent Stephen Stills (avec qui elle aura une liaison inspirant à celui-ci « Suite : Judy Blues Eyes ») et le pianiste et arrangeur Van Dyke Parks. Comme James Taylor et Jackson Browne, elle mettra des épisodes de sa propre vie en chanson. Sa reprise de l'air traditionnel écossais « Amazing Grace », enregistré dans la chapelle de l'université de Columbia, lui offre, en 1971, son plus grand tube. Elle connaît son dernier succès populaire, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, en 1975, avec « Send In The Clowns », un air de la comédie musicale A Little Night Music, écrite par le compositeur de Broadway Stephen Sondheim. La vogue des auteurs-compositeurs retombée à la fin des années 70, les albums peu nombreux que Judy Collins continue à enregistrer n'ont plus éveillé que l'intérêt des spécialistes. En 1994, plusieurs années après la publication de son autobiographie, Trust Your Heart, Judy Collins annonçait la sortie de son premier roman, Shameless, et publiait un disque de reprises de Dylan pour le label Geffen, Judy Sings Dylan…Just Like A Woman (1993). Pour Both Sides Now (1998), elle a repris « The Times They-Are-A-Changin' » de Dylan, « Let It Be » et « Morning Has Broken » de Cat Stevens. Publié en 1977 et réédité en CD, So Early In The Spring, The First 15 Years présente tout son apport de 1961 à 1976.