Sam Cooke COOKE, Sam (Samuel Cook) : chanteur de soul américain, 1950-1961. Né le 22.01.1935 à Chicago (Illinois). Mort le 11.12.1964 à Los Angeles (Californie).

Originaire de Chicago, ce chanteur exceptionnel à la voix suave et claire a ouvert la voie aux plus grands interprètes de la musique noire des années 60 et 70, comme Marvin Gaye, Otis Redding et Al Green. Apportant la sincérité éperdue du gospel à la musique séculière, il a interprété des ballades les plus émouvantes de la musique américaine, comme « You Send Me » et « A Change Is Gonna Come ». Son influence sur la musique blanche, des Rolling Stones à Rod Stewart, a été considérable.

Issu d'une famille de huit enfants élevée par le révérend Charles S. Cook dans la crainte du seigneur, le petit Sam chante en public pour la première fois à l'église baptiste de son quartier avec deux de ses sœurs et l'un de ses frères au sein des Singing Children. Il a neuf ans. Quelques années plus tard, il rejoint un autre groupe baptiste, les Highway Q.C.'s, qui travaille sous la direction de R.B. Robinson, le chanteur baryton de l'une des chirales de gospel les plus influentes du moment, les Soul Stirrers. En 1950, lorsque le chanteur ténor, R.H. Harris, la quitte, Sam Cooke se voit offrir sa place. Pendant six ans, il enregistre avec les Soul Stirrers une série de succès pour Specialty et devient l'idole de millions de jeunes filles qui goûtent beaucoup son style urbain et sophistiqué.

En 1956, Bumps Blackwell, le producteur de Little Richard et de Larry Williams, entre en scène. Convaincu de l'énorme potentiel de Cooke, il l'encourage à enregistrer quelques chansons pop. Sous la direction de Blackwell, il enregistre une série de ballades que Specialty, soucieux de ne pas offenser le public gospel, publie sous le nom de Dale Cook. Mais Art Rupe, le patron de Specialty, n'est pas convaincu. Lorsque Blackwell et Sam Cooke lui apportent la bande de « You Send Me », dont l'arrangement très sophistiqué signé Rene Hall fait la part belle à une section de choristes féminines, il propose aux deux hommes de les libérer de leurs contrats et de leur vendre la bande. Blackwell porte illico « You Send Me » à Bob Keene qui publie le disque sur son label Keen avec une version du « Summertime » de Gershwin en face B. « You Send Me », avec ses irrésistibles vocalises célestes, se retrouve vite n°1 en 1957 : Keen en vend 2,5 millions d'exemplaires en quelques mois. Les Soul Stirrers n'apprécient guère le virage séculier de Sam Cooke et le remplacent par Johnnie Taylor. Art Rupe, au contraire, oublie vite ses préventions et se dépêche de sortir « I'll Come Running Back To You », une ballade de Cooke produite par Bumps Blackwell restée dans les tiroirs de Specialty, qui se vend à plus d'un million d'exemplaires.

Le tandem Cooke-Blackwell récidive en 1959 avec « Only Sixteen » et « Wonderful World », deux ballades signées Barbara Campbell. Associé à J.W. Alexander, un chanteur de gospel ex-membre des Pilgrim Travellers devenu son manager, Sam Cooke monte sa propre maison de disques, SAR, une des premières entreprises contrôlées par des Noirs aux Etats-Unis. Entre 1960 et 1964, SAR produit une série de succès rhythm'n' blues fortement teintés de gospel, parmi lesquels « Soothe Me » des Sims Twins, « Rome (Wasn't Built In A Day) » de Johnnie Taylor ou encore « Looin' For A Love » et « It's All Over Now » des Valentinos de Bobby Womack. Sam Cooke, lui, a signé avec RCA en 1960. Avec les producteurs Hugo and Luigi et des arrangeurs du calibre de Ralph Burns ou de Rene Hall, il aligne une longue liste de tubes qui figurent au panthéon de la ballade soul : « Chain Gang » et « Sad Moon » (1960), « Cupid » (1961), « Twistin' The Night Away » (1962), « Bring It On Home To Me » (1962), « Having A Party » (1962), « Little Red Rooster » (1963) avec un jeune Billy Preston à l'orgue, « Frankie And Johnny » (1963), « Tennessee Waltz » (1964) et « Shake » (1964) avec en face B « A Change Is Gonna Come ». Dans cette dernière composition (une de ses plus belles), Sam Cooke prophétisait à sa façon la prise de conscience politique et sociale des Noirs américains qui allait survenir quelques années plus tard. Lorsque « Shake – A Change Is Gonna Com » se classe dans les dix meilleures ventes au début de 1965, Sam Cooke est mort. Il a été abattu quelques semaines plus tôt par la gérante d'un motel de Los Angeles où il aurait violé une femme après s'être introduit dans sa chambre.

L'influence de Sam Cooke est inestimable. Il a été, avec Ray Charles, l'un des premiers chanteurs noirs à montrer qu'un artiste de rhythm'n' blues pouvait rester crédible auprès du public noir et faire chavirer le cœur des teenagers blancs tout en triomphant à Las Vegas. Otis Redding, Marvin Gaye, Smokey Robinson et Al Green n'ont jamais manqué une occasion de lui rendre hommage. Parmi les chanteurs blancs, nombreux l'ont pris pour modèle, de Jagger à Rod Stewart, qui a souvent affirmé être devenu chanteur grâce à lui. RCA a publié en 1986 le double CD The Man And His Music.