8°) RHYTHM'N' BLUES, BE-BOP ET JUMP BLUES

Parallèlement, avec l'irruption des instruments électriques, le blues devient souvent dès la fin des années 40 une autre forme de musique à part entière, au tempo plus rapide, plus dynamique : le rhythm'n' blues. Il est extrêmement en vogue après guerre. Qu'il vienne directement du jazz comme la grande vedette Louis Jordan (« Choo Choo Ch'Boogie ») si populaire chez les Noirs et les Blancs, comme les orchestres de Woody Herman ou de Roy Milton, du gospel comme celui de Ray Charles (« I Got A Woman ») ou James Brown (« Please Please Please », 1952), du bues urbain comme celui d'Amos Milburn, Peppermint Harris, Joe Liggins, Johnny Otis (« Willie And The Hand Jive »), Ruth Brown, Fats Domino (« Blueberry Hill »), Etta James, Rufus Thomas, Big Mamma Thornton (« Houng Dog », 1952) ou qu'il descende des groupes d'harmonies vocales de gospel comme le Golden Gate Quartet qui donne naissance à l'extraordinaire genre doo-wop des Coasters (« Riot In Cell Block Number Nine »), le rhythm'n' blues d'après guerre doit presque tout au blues.

Mais cette fois cette musique entraînante, irrésistible, le plus souvent jouée par de petites formations qui se déplacent facilement, touche véritablement un grand public qui découvre à peine les différentes formes de jazz. Un jazz en pleine mutation, qui, sous l'influence de Charlie Parker, Dizzy Gillepsie, Bud Powell, Thelonious Monk, Max Roach, Kenny Clarke, Art Blakey, Curly Russell, Ray Brown et quelques autres, devient le be-bop pendant la guerre. Les grandes formations de l'ère swing sont progressivement abandonnées.
Ce sont de petits combos de cinq musiciens qui apparaissent. Le jazz bop moderne ne s'adresse pas aux bals et aux grands concerts, mais à un public d'initiés appréciant les innovations musicales, une démarche intellectuelle libératrice, des créations originales servies par des prouesses techniques et un tempo souvent trop rapide pour être dansé. Le jump blues urbain de zazous français est influencé par cette attitude rebelle qui préfigure le rock'n' roll, par cette tendance à accélérer le tempo qui donne des ailes au blues de papa, et pousse à la création de petites formations « commandos ».

Le « Rocket 88 » de Jackie Brenston & His Delta Cats, dirigés par un jeune guitariste, pianiste, arrangeur et disc-jokey du Mississippi, Ike Turner, monte n°1 en 1951. Turner devient alors un découvreur de talents pour les frères Bihari à Los Angeles, puis pour Sun, où il amènera B.B. King, Elmore James et Howlin' Wolf. En accélérant en 1952 le tempo d'un classique du blues, « Stagger Lee », Lloyd Price perce, puis obtient en 1952 un gros succès avec son « Lawy Miss Clawdy »