PRESSE ROCK : la presse spécialisée a été l'un des relais majeurs pour la diffusion du rock à travers le monde. Aux Etats-Unis, dès 1967, le bimensuel Rolling Stone, émanation de la génération de Woodstock et de la contre-culture contestataire, fut le premier magasine à toucher un large public, abordant le rock non pas à la façon d'un divertissement pour adolescents, mais comme une façon de voir, sentir, comprendre, raconter et rêver le monde.


En Grande-Bretagne, des hebdomadaires tels le Melody Maker et le New Musical Express, autrefois réservés aux professionnels de la musique, exercèrent dès les années 60 une influence considérable sur les lecteurs et les musiciens, présentant la musique comme un théâtre où les jeunes organisent leur propre vie sociale, indépendante du monde des adultes.

En France, la diffusion du rock, pour des raisons de langue et de culture, a été lente et complexe. Mais notre pays a joué à l'égard du rock un rôle de pionnier, comparable, toutes proportions gardées, à celui de la cinéphilie française vis-à-vis du cinéma américain. Ainsi Disco-Revue, né en 1961, fut-il le premier magasine à faire du rock un purisme de fan, Salut les copains , crée en 1962, à lui donner un style visuel, voire une esthétique, et Rock & Folk, apparu en 1966, à en faire un objet d'analyse, une culture même, sur le modèle du cinéma et du jazz, lançant le micro-genre littéraire de la critique rock, à la source de divers styles : analyse, essai, mais aussi récit, fiction et poésie. De la fin des années 60 au début des années 80, les deux magasines mensuels Rock & Folk et Best furent les canaux privilégiés pour faire découvrir une musique à laquelle la radio et la télévision n'offraient qu'un accès étroit et limité (l'audiovisuel était encore régi par un monopole d'Etat).
Ce paysage a changé après l'explosion du rock à la radio au début des années 80 et sa présence plus marquée à la télévision, phénomènes qui furent, entre autres, à la source du déclin de ces magasines, restés liés à une génération, à ses goûts et à ses pratiques. De plus, à partir du moment où le rock avait acquis droit de cité dans la plupart des grands quotidiens et hebdomadaires nationaux, le besoin de magasines spécialisés s'amenuisa auprès du grand public. De la multitude de titres créés de puis, aucun n'a acquis un statut comparable à celui de Best et Rock & Folk.

Parmi la myriade de magasines créés ensuite (Rage, Rocksound, Magic …), il n'en est aucun qui ne soit l'expression d'un courant musical très ciblé (comme disent les spécialistes de marketing et les publicitaires). Seul Les Inrockuptibles, créé en 1986 sous la forme d'un fanzine, a repris le flambeau d'une vision liée à la contre-culture telle qu'Actuel puis Libération avaient continué à la défendre dans les années 80, mais circonscrite à une approche contemplative et esthétique qui en a réduit l'audience. Il semble important enfin de rendre leur place aux pionniers et aux inventeurs, souvent méconnus, voire inconnus, de la presse rock, dans les deux grands pays du rock, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, mais aussi en France qui, on l'a vu, figure en première ligne.

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