Alan Freed FREED, Alan (Aldon Freed) : disc-jokey et promoteur de rock'n' roll américain, 1952-1965. Né le 15.12.1921 à Johnstown (Pennsylvannie). Mort le 20.01.1965 à Palm Springs (Floride).

Inventeur de l'expression "rock'n' roll" au début des années 50, ce disc-jokey new-yorkais a animé un des plus fameux programmes de l'époque et organisé des concerts et tournées restés légendaires. Il est le premier à avoir fait tomber momentanément les barrières raciales aux Etats-Unis.

Fils d'un juif lituanien et d'une mère galloise, il apprend le trombone. Etudiant à Salem (Ohio), il anime son propre orchestre de jazz, The Sultans Of Swing mais une infection à l'oreille l'empêche de poursuivre. Il participe à la radio du campus. Après la guerre, il devient disc-jokey à plein temps à New Castle (Indiana), Akron (Ohio) et, en 1950, Cleveland où il crée sur WJW "Moondog Rock'n' Roll Party", émission consacrée au rythm'n' blues. Il est alors le premier blanc à diffuser une musique considérée comme réservée aux Noirs. En mars 1952, une édition spéciale en public attire plusieurs milliers de spectateurs de toutes origines. Il travaille à New York pour WINS, en septembre 1954, et organise des concerts de rythm'n' blues, doo-wop et bientôt rock'n' roll aux Brooklyn Fox et Paramount Theatre. Ses émissions sont diffusées dans tout le pays par CBS ainsi que par Radio-Luxembourg en Europe. Après avoir rendu universel le terme de rock'n' roll et en avoir popularisé les interprètes, il devient le "fil rouge" de films voués à cette musique : Rock Around The Clock (Fred Sears 1956) avec Bill Haley et les Platters, Don't Knock The Rock (Fred Sears 1957) avec Bill Haley et Little Richard, Rock Rock Rock ! (Will Price 1956) avec Chuck Berry et Johnny Burnette, Mr. Rock & Roll (Charles Dubin 1957) avec Chuck Berry et Little Richard, Go, Johnny, Go (Paul Landres 1958) avec Chuck Berry et Eddie Cochran. Il anime parallèlement un groupe incluant Mickey Baker, Red Prysock, Sam The Man Taylor...enregistrant plusieurs disques pour Coral de 1956 à 1958. Un de ses concerts, à Boston (Massachussets), se termine en échaufourrée, ce qui lui vaut d'être poursuivi en justice. L'enquête commandée par le Congrès sur les pots-de-vin verés par les compagnies de disques aux stations de radio lui est fatale : WABC le renvoie en 1959. Sans doute moins corrompu que bien d'autres, Freed se sortit mal de ces embûches. Il y avait une volonté de la part des autorités publiques bien-pensantes de diminuer le mouvement rock. Il déclara "n'avoir jamais diffusé un disque qui ne lui plaisait pas". Dépressif, poursuivi par le fisc, il sombra dans l'alcool et meurt des suites d'une urémie en 1965.

Son bagou rappelait celui d'un autre DJ de légende, Wolfman Jack (Bob Smith) mort en 1995 basé à Del Rio (Texas) à la frontière mexicaine, immortalisé par le film American Graffiti et du génial Dewey Phillips de Memphis (1926-1968). Ce n'est qu'après sa mort qu'il sera disculpé de la majorité des charges qui ont empoisonné ses dernières années. The Band lui rendra hommage en intitulant un album Moondog Matinee (1974). Le film American Hot Wax (Floyd Mutrux 1976) avec Jerry Lee Lewis et Chuck Berry, retrace le dernier spectacle produit par Freed à New York.