The Animals ANIMALS (The) : groupe de rhythm'n' blues britannique 1964-1967.

- Eric Burdon : chanteur. Né le 05.04.1941 à Newcastle-upon-Tyne (Angleterre).
- Alan Price : organiste et chanteur. Né le 19.04.1942 à Fatfield (Angleterre).
- Hilton Valentine : guitariste. Né le 21.05.1943 à North Shields (Angleterre).
- Bryan « Chas » Chandler : basiste. Né le 18.12.1938 à Heaton (Angleterre). Mort le 17.07.1996 à Newcastle.
- John Steel : batteur. Né le 04.02.1941 à Gateshead (Angleterre).

Universellement connu pour sa reprise de « The House Of The Rising Sun » et la voix de son chanteur Eric Burdon, ce groupe du nord de l'Angleterre, l'un des meilleurs des années 60, a transformé et réinventé, avec les Rolling Stones, le rhythm'n' blues noir américain.

Originaires de Newcastle, une ville minière du nord-est de l'Angleterre, les futurs membres des Animals sont tous d'un milieu ouvrier. Employés de bureau ou travailleurs manuels, ils se retrouvent le samedi soir pour jouer au club Dowbeat sous la direction de leur leader, l'organiste et chanteur Alan Price, un employé à la perception. L'Alan Price Combo (c'est son nom) est une formation de jazz inspirée par le style du pianiste et arrangeur Bill Doggett. En 1962, un jeune homme passionné de blues et de musique noire, étudiant en graphisme, Eric Burdon, rejoint le groupe et oriente son répertoire vers le rhythm'n' blues et le rock'n' roll, avec des reprises de Ray Charles, Bo Diddley, Chuck Berry et Bill Haley. Electrisé par la présence de ce petit homme à la voix plus noire que nature et au jeu de scène possédé, le groupe acquiert vite la réputation d'être le meilleur de la région. Même si d'autres versions circulent, il aurait choisi son nom en s'inspirant d'un gangster de Newcastle, surnommé « Animal ». Remarqué par le saxophoniste Graham Bond, alors étoile montante du jazz anglais, le groupe est engagé, dès le fin de 1963, au Crawdaddy, le club de Richmond dirigé par Giorgio Gomelsky, qui vient d'y faire débuter les Rolling Stones. Le succès est rapide. Sous la houlette du producteur indépendant Mickie Most, The Animals signent aussitôt un contrat chez EMI-Columbia, qui sort leur premier 45 tours en 1964, « Baby Let Me Take You Home », la reprise d'un blues figurant dans le premier album de Bob Dylan. Mais c'est une chanson traditionnelle du folklore noir américain, « The House Of Rising Sun », extraite du même disque de Dylan, qui les fera connaître dans le monde entier après avoir été au sommet du hit-parade britannique, elle devient n°1 aux Etats-Unis trois semaines d'affilée en septembre 1964. La légende veut que Dylan, après avoir entendu la version des Animals, où prédominent les arpèges d'orgue électrique d'Alan Price, ait eu le déclic d'électrifier sa musique.

En quelques mois, les Animals deviennent l'un des groupes les plus populaires de Grande-Bretagne. Portés par la vague des Beatles, ils triomphent aux Etats-Unis. Faute d'un grand talent de compositeurs, il privilégient avec succès les reprises de rhythm'n' blues, comme « Boom Boom » de John Lee Hooker ou « Don't Let Me Be Misunderstood », popularisé par Nina Simone. The Animals (1964) et Animal Tracks (1965), avec leurs reprises de Jimmy Reed (« Bright Lights Big City ») et Ray Charles (« Hallelujah I Love Her So »), font jeu égal avec les premiers albums des Stones. Pourtant, malgré un succès croissant, le groupe connaît des tensions, le chanteur Eric Burdon volant de plus en plus la vedette au fondateur Alan Price. Le conflit est réglé en faveur du chanteur, et Price, en mai 1965, doit céder la place à Dave Rowberry, un pianiste de formation classique, venant d'un groupe de jazz. Au début de l'année suivante, The Animals signent un contrat chez Decca et obtiennent leur dernier grand succès en juin 1966 avec « Don't Bring Me Down », une composition de Gerry Goffin et Carole King qu'on retrouve dans l'excellent Animalisms (1966), là aussi meilleur dans sa version américaine d'Animalization, avec en prime « See See Rider ». John Steel quitte à son tour le groupe pour rejoindre la nouvelle formation de Price. Sa place est prise par Barry Jenkins, ex-Nashville Teen.

La vogue psychédélique va tout changer pour les Animals, leur apportant le meilleur comme le pire. Eric Burdon et le guitariste Hilton Valentine s'enthousiasment pour la révolution hippie qui secoue la Côte Ouest. L'un et l'autre se mettent à prendre du LSD : Burdon disparaît pendant un temps, et Valentine, qui se prend pour Jésus-Christ, vit reclus dans une chambre d'hôtel. Ces événements conduisent à la désintégration du groupe début 1967. Le bassiste Chas Chandler découvre alors dans un club de New York un jeune guitariste de rhythm'n' blues, Jimi Hendrix : il décide de tout abandonner pour devenir son manager, le persuadant de s'installer à Londres. Burdon, quant à lui, relève vite la tête. Avec de nouveaux musiciens, baptisés les New Animals, John Weider (guitariste et violoniste), Vic Briggs (guitariste) et Danny McCullough (bassiste), conservant seulement de son ancien groupe le batteur Jenkins, il s'éloigne de ses racines rhythm'n' blues. Dans Wind Of Change (1967), il interprète avec une étonnante douceur l'élégiaque « San Franciscan Nights », mais le clou du disque est une version live, enregistrée au festival de Monterey, de « Paint It Black » des Rolling Stones. Le groupe enregistre quatre albums et conserve, jusqu'à la fin de 1968, une certaine popularité auprès du public américain, comme l'attestent les 45 tours, l'excellent « When I Was Young » et « Sky Pilot ». Mais la vague reflue, et les New Animals ne sont pas armés pour durer : Everyone Of Us (1968), qui marque l'arrivée du claviériste Zoot Money, et The Twain Shall Meet (1968) s'égarent dans les vaines improvisations, tout comme le double Love Is (1968) où fait son entrée le guitariste Andy Somers, futur guitariste de The Police, à la place de Briggs. McCulloch parti, Weider, qui va bientôt rejoindre Family, prend la basse.

En 1969, Burdon change encore son fusil d'épaule. Avec Eric Is Here (1967), fruit de séances où les premiers Animals étaient encore là, il présente sous son seul nom des reprises de chansons de Randy Newman ou Barry Mann & Cynthia Weil, comme « Help Me Girl ». En 1969, il engage le groupe de soul-funk californien War pour l'accompagner. L'expérience, qui culmine avec le succès du 45 tours « Spill The Wine » (1970), s'arrête après deux albums, Eric Burdon Declares War (1970), où figure une longue version de « Tobacco Road » et le double The Black Man's Burdon (1970), où parait à nouveau une version étirée de « Paint It Black ». En 1971, Burdon s'associe avec un chanteur de blues très proche du jazz, Jimmy Witherspoon, pour l'album Guilty ! Installé à Los Angeles, il entre dans une période d'inaction. Il essaie de mener à bien divers projets extramusicaux, comme l'écriture d'un roman, ou encore la préparation d'un film sur la musique. Lorsqu'il signe un nouveau contrat en 1974 avec Capitol, il est déconnecté. Ses deux albums solo, Eric Burdon (1974) et Stop (1975), ni convaincus ni convaincants, ne contribueront pas à relancer sa carrière. Ni même Survivor (1976) sous la supervision de son vieux complice Chas Chandler. Durant les répétitions, les deux partenaires ont l'idée de rappeler les anciens Animals, Alan Price compris. Réunis dans la maison de campagne de Chandler, le groupe reformé décide d'enregistrer un album, Before We Were So Rudely Interrupted (1976) qui rencontra un assez bon accueil. Ce ne sera pas le cas pour l'album Ark, issu de nouvelles retrouvailles, en 1983. En revanche, le live Rip It To Shreds :The Greatest Hits Live (1984), est un document fantastique, montrant un groupe intact.

Eric Burdon ambitionnait, à l'origine, de devenir peintre ou cinéaste. Il avait eu la chance de faire de son violon d'Ingres une activité à plein temps, sans jamais pourtant se considérer comme un chanteur de vocation. C'est pourquoi il ne cherchera en aucun cas à s'adapter aux règles du business. Au début des années 80, il entama avec succès une carrière d'acteur et publia en 1986 son autobiographie, I Used To Be An Animal But I'm Alright Now. Il lui arrive encore de chanter dans de petits clubs, à travers l'Europe ou les Etats-Unis, parfois accompagné par l'organiste de jazz Brian Auger : cet homme étonnant dont la voix reste une des plus marquantes de son époque a gardé la même ferveur et conserve encore aujourd'hui un cercle d'admirateurs passionnés. The Complete Animals (1990) rassemble en 40 titres le meilleur de la première période (1964-1965), Inside Looking Out (1990) est plus rare et intéressant, réunissant des titres de 1965-1966 et des enregistrements solo de Burdon, crédités à l'époque aux Animals.