B.B. King B.B. KING (Riley Ben King) : chanteur et guitariste de blues américain. Né le 16.09.1925 à Itta Bena (Mississippi).

Un des plus grands musiciens de blues vivant, il a créé depuis Memphis (Tennessee) un des styles les plus populaires de l'après-guerre, enrichi des apports du jazz et du blues sophistiqué de la Côte Ouest. De tous les bluesmen, il est celui dont l'influence a été la plus étendue sur le rock, par son sens du spectacle et son art du solo de guitare au vibrato cinglant accompagnant des ballades écorchées. Il a beaucoup influencé la plupart des solistes de blues blanc à la fin des années 60. Il a été présenté à un nouveau public en accompagnant U2 en tournée à la fin des années 80.

Riley Ben King naît dans une plantation de coton à l'ouest du delta du Mississippi. Ses parents sont séparés et il est élevé par une mère très pieuse qui le fait chanter à l'église et le met en garde contre l'influence néfaste du blues. Elle meurt quand il a neuf ans et il se retrouve orphelin dans une ferme où il ramasse du coton. Son père le retrouve quand il a quatorze ans et le reprend avec lui. Un oncle lui offre une guitare à huit dollars. Sa période à l'armée, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le familiarise avec le blues ; de retour chez lui, il se produit en cachette de sa famille au coin des rues, chante dans les églises au sein d'un quatuor de gospel, les Elkhorn Singers, et collabore avec des radios de Greenville. En 1947, il monte eu auto-stop à Memphis (Tennessee), où réside son cousin Bukka White (on prétend que c'est ce dernier qui lui aurait offert sa première guitare en 1935). Là, Rice Miller lui offre dix minutes dans son show radio, « King Biscuit Boy ». L'animateur Don Kearn lui donne le surnom « The Blues Boy », dont les initiales B.B. lui resteront. Il travaille comme DJ et se familiarise alors avec la musique qui influencera son style : les formations de jazz swing où brillent les guitaristes Charlie Christian et Lonnie Johnson, l'inventeur du solo de guitare, et T-Bone Walker, l'inventeur du blues de la Côte Ouest, qui se produit en petite formation avec des cuivres et des claviers. Il participe alors à une association informelle de jeunes musiciens, les Beale Streeters, à laquelle appartiennent aussi Johnny Ace et Bobby « Blue » Bland.

En 1949, il enregistre pour la première fois pour Bullet, « Miss Martha King », mais, par l'intermédiaire d'Ike Turner, signe immédiatement après avec les frères Bihari, qui l'affectent à l'étiquette RPM. King enregistre plusieurs titres devenus des classiques : « Three O'Clock Blues » (1951), son premier succès, adapté de Lowell Fulsom, « You Didn't Want Me » (1952), « Please Love Me « (1953), « You Upset Me Baby » (1954), « Everyday I Have The Blues » (1955), « Sweet Little Angel », tous des n°1 rhythm'n' blues. Il réside dès lors à Los Angeles. A la tête d'une remarquable formation d'une douzaine de membres, sorte de big band de blues, il se produit à travers tout le pays, jouant pratiquement tous les soirs. Son jeu de guitare reconnaissable entre tous, sa façon de ponctuer les séquences vocales par quelques notes vives et acides, sa manière de chanter sont étudiés, voire imités par la majorité des bluesmen apparus après lui. Après un de ses titres les plus fameux, « Sweet Sixteen » (1960), il est engagé en 1962 par ABC, et sa popularité ne faiblit pas, comme en atteste l'accueil réservé à Live At The Regal enregistré à Chicago (1965). « Rock Me Baby », son premier succès populaire, devient un hymne. Admiré par un jeune public blanc, il se produit au Fillmore avec Moby Grape, tandis que ses morceaux sont repris avec frénésie par les tenants du blues boom anglais : les meilleurs guitaristes du mouvement, Eric Clapton, Peter Green (Fletwood Mac), Paul Kossoff revendiquent alors son influence, sans parler des américains Mike Bloomfield et Johnny Winter. Le soir où Martin Luther King est assassiné, B.B. King organise un concert improvisé pour une collecte avec son disciple Buddy Guy et Jimi Hendrix.

Une nouvelle phase de sa carrière commence, où sa musique devient à la mode auprès du public blanc. Il joue lors de nombreux festivals pop avec les vedettes psychédéliques du moment. En novembre 1969, les Rolling Stones l'invitent à jouer en première partie pour inaugurer leur tournée américaine. Il enregistre Live & Well (1969), guidé par Bill Szymczyk puis Completely Well (1970), qui inclut son plus fameux succès, la ballade « The Thrill Is Gone ». Plusieurs chanteurs et musiciens de rock participent à l'album Indianola Mississippi Seeds (1970) : Carole King, Leon Russell, Joe Walsh. Quelques disciples anglais, Peter Green, Alexis Korner, Steve Marriott (Humble Pie), Ringo Starr…l'accompagnent pour In London (1971). Il a ensuite collaboré aussi bien avec des musiciens de jazz que de blues. Il a enregistré dans les années 70 avec son vieux collaborateur Bobby « Blue » Bland mais aussi repris des chansons pop de The Lovin' Spoonful et de Hoyt Axton, voire gravé un album country en 1982. Devenu une sorte de « Monsieur Blues » omniprésent, il est sollicité par le groupe U2, qui, en 1989, cherche à ressourcer sa musique aux Etats-Unis et l'emmène en tournée : il interprète avec succès « When Love Comes To Town », extrait de Rattle & Hum (1989), sorti en simple. En compagnie d'invités de marque (Irma Thomas, Buddy Guy, Albert Collins, John Lee Hooker, Robert Cray), il grave Blues Summit (1993), qui contient une magnifique version de « You're The Boss » avec Etta James. Durant toutes ces années, King et sa fameuse Gibson baptisée Lucille ont donné envie trois cent concerts par an. Seuls des ennuis de diabète l'ont obligé à ralentir récemment cette cadence. En 1997, John Porter a produit Deuces Wild, où B.B. King joue et chante en duo avec des artistes d'horizons variés comme Willie Nelson, Marty Stuart, Dionne Warwick… Il y interprète avec Mick Jagger le saisissant « Praying The Cost To Be The Boss ».