Wilson Pickett PICKETT, Wilson : chanteur de rhythm'n' blues et de soul américain, 1961. Né le 18.03.1941 à Prattville (Alabama).

Venu de Detroit (Michigan), ce remarquable chanteur a enregistré aux studios Stax de Memphis, dans le style d'Otis Redding, certains des plus grands classiques de la soul, comme « In The Midnight Hour ».

Wilson Pickett passe son enfance au centre de l'Alabama, près de Montgomery, où il participe à des chorales de gospel. Au milieu des années 50, sa famille émigre à Detroit, la capitale de l'automobile et le futur siège de Motown. En 1961, Pickett, âgé de vingt ans, est remarqué chantant devant chez lui par Willie Schofield des Falcons : celui-ci l'invite à prendre la place d'Eddie Floyd, un chanteur qui, lui aussi originaire de l'Alabama, sera un de ses rivaux les plus redoutables. Pickett s'avère, outre un excellent chanteur, un compositeur très doué, auteur en 1962 d' « I Found A Love » qui atteint le n°6 des ventes rhythm'n' blues. Mis en confiance, il provoque alors la dissolution des Falcons et se lance dans une carrière solo qui commence sous les meilleurs auspices : son deuxième 45 tours, « If You Need Me » est en effet immédiatement repris par Solomon Burke, et le succès remporté par l'interprétation de ce dernier permet à l'original d'entrer à son tour dans les classements ; ajoutons que les Rolling Stones en proposeront une excellent version l'année suivante. Solomon Burke peut à très juste titre être considéré comme le parrain de Wilson Pickett, puisque celui-ci lui doit également d'avoir été recruté chez Atlantic.

Pickett devra ses premiers succès aux studios Stax, qui ont révélé Otis Redding ou Sam & Dave. Après l'avoir fait enregistrer sans résultats probants à New York par Bert Berns, Jerry Wexler décide de faire travailler Pickett chez Stax à Memphis, où il se rend en personne avec lui et son ingénieur du son Tom Dowd en mai 1965. Pickett y chante « In The Midnight Hour » : ce titre magnifique, régulièrement cité parmi les cent meilleurs 45 tours de tous les temps, fait accéder Wilson Pickett à la reconnaissance internationale. Premier fleuron d'une collaboration fructueuse avec Steve Cooper, le guitariste de Booker T. & The MG's, il jette les bases de son style explosif, un mélange d'énergie et d'expressivité rarement atteint par les autres grandes figures de la soul des années 1965-1969 ; ses cris et ses gémissements donnent à ses interprétations un caractère ouvertement sexuel, qu'il souligne d'ailleurs par son jeu de scène et la tenue de cuir noir moulant qu'il adopte bientôt. D'autres succès suivront, parmi lesquels, en 1966, « 634 – 5793 (Soulsville, USA) » qui occupera sept semaines durant le première place des classements rhythm'n' blues et la version de référence d'un standard de Chris Kenner qui a pourtant été, de The Action au J. Geils Band, toujours particulièrement bien servi, « Land Of 100 Dances ». C'est de cette période que datent ses trois meilleurs albums originaux, The Exciting Wilson Pickett (1966), The Wicked Pickett (1967), où il reprend à son compte le surnom de « Pickett le vicieux » que certains esprits puritains lui avaient attribué à la sortie d' « In The Midnight Hour », puis The Sound Of Wilson Pickett (1967). Il collabore ensuite avec Bobby Womack le temps d'enregistrer deux albums, I'm In Love et Midnight Mover (1968), puis surprend quelque peu son public en enregistrant une reprise de « Hey Jude » des Beatles, avec Duane Allman à la guitare solo ; la version qu'il en donne est d'autant plus personnelle que « Jude » était dans son esprit un prénom de femme et qu'il chargeait le morceau d'une tension sexuelle totalement absente de l'original (le « Jude » de la chanson fait référence à Julian, le premier fils de John Lennon). L'album du même nom est encore une très grande réussite ; c'est aussi le cas de Wilson Pickett In Philadelphia (1970) et de Don't Knock My Love (1971), ses deux derniers albums pour Atlantic.

Wilson Pickett enregistrera par la suite pour une quantité d'autres labels, sans jamais parvenir à retrouver la flamme des années 1965-1971. Cette période est bine résumée par Best Of Wilson Pickett, The Very Best Of Wilson Pickett ou, mieux encore, par le double CD A Man And A Half : The Best Of Wilson Pickett. Parmi les albums qui ont suivi, on peut distinguer Pickett In The Pocket et Live In Japan ; A Funky Situation a été un demi-succès, mais on ne le conseillera pas aux amateurs de soul millésimée, Pickett ayant alors presque totalement perdu son âme pour se rapprocher de la disco. En 1981, on le verra coopérer avec Solomon Burke, Ben E. King, Joe Tex et Don Covay dans le cadre d'un super-groupe baptisé le Soul Clan, mais celui-ci se séparera après quelques concerts réputés désastreux. Le fait qu'en 1987 Pickett est condamné et emprisonné pour agression à main armée ne fera assurément rien pour restaurer sa carrière. Bien qu'il se produise encore sur scène de nos jours, le dernier souvenir qu'il laissera à la plupart restera probablement le petit rôle qu'il a joué dans le film à succès Commitments (1991).